Jérôme Kerviel a été condamné hier à 3 ans de prison et 4,9 milliards d’euros (de dommages et pas d’intérêts, sic!). La Société Générale sort donc totalement blanchie de cette sombre affaire et ce qui permet d’affirmer cela est bien le montant des dommages qui ne seront d’ailleurs jamais remboursés.
Si la condamnation du trader semble logique, tous sourient face à la somme exorbitante annoncée par la court. En effet, c’est la condamnation la plus lourde déclarée par un tribunal en France et elle pèse sur un particulier. Mais beucoup ont déjà relevé cette absurdité! Ce qui nous choque d’autant plus c’est le peu de cas qui est fait de la défense de la SoGé : « nous ne sommes pas responsables, nous ne pouvions pas savoir ce que faisait cet électron libre avec nos fonds », voilà ce que disent les dirigeants en substance.
Mais alors, deux cas sont possibles. Soit les dirigeants mentent, comme beaucoup d’analystes financiers le pensent, puisqu’il est très difficile de cacher les lignes d’investissements et de dépenses quotidiens pour un trader, et la Société Générale est donc responsable d’avoir fermer les yeux sur les risques pris par son poulain. Soit personne dans la banque n’a rien vu (c’est la conclusion du juge), et alors il ne fait pas bon placer son argent dans une telle institution qui ne sait même où passent les fonds laissés à sa disposition. Finalement, l’aveu même de la SoGé est d’être totalement inefficace, incapable de contrôler ses propres activités…
Cependant, cette stratégie s’avère payante, puisque le juge (sûrement peu versé dans les « arcanes » de la finance) a donné raison à la banque. Et quelles sont les incitations qui découlent de ce procès: pour les trader, il va falloir être plus prudent, et c’est une bonne chose, mais pour les banques; elles pourront toujours cacher leurs responsabilités derrière l’avidité des traders… Le voilà l’aléa moral qui résulte d’un tel jugement: pour ne pas être condamnées, les banques n’ont qu’à se montrer de moins en moins regardantes sur les activités de leurs traders pour ensuite les accuser s’ils venaient à leur faire perdre de l’argent. En caricaturant un peu, on pourrait dire que les banques se couvrent en se montrant incompétente dans le contrôle de leurs activités financières.
Finalement, tant que les acteurs juridiques ne comprendront pas les mécanismes bancaires et financiers, une seule maxime demeurera pour paraphraser quelqu’un : « Greed is still good »…
A lire en complément : le blog de Dominique Seux
Et aussi : le blog à Lupus
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