François Fillon annonce un plan de rigueur visant à économiser 100 milliards d’euros d’ici à 2013. Alors que l’Allemagne s’engage à économiser 80 milliards sur quatre ans, on peut se demander si le gouvernement français n’est pas dans la surenchère médiatique !
Revenons d’abord sur ce chiffre étonnant : 100 milliards… En réalité, la France devrait réduire ses dépenses publiques de 45 milliards, en économiser 5 autres sur les niches fiscales et voilà. Voilà ? Il manque tout de même 50 milliards dans ce calcul. Et bien ils doivent être récupérés grâce aux recettes fiscales (35 milliards) et à « la fin des mesures prises pour relancer l’économie » (15 milliards). Outre l’optimisme d’un tel calcul qui mise la moitié du son succès sur un retour de la croissance, il est intéressant de s’interroger sur les raisons d’une mesure si sévère.
La contrainte extérieure
La France qui fustigeait l’austérité allemande il y a quelques semaines lui emboite maintenant le pas, et mieux, voudrait se montrer encore plus rigoureuse et plus vite. C’est que le temps presse ! L’écart entre les taux d’emprunt de l’Allemagne (Bund) et de la France (OAT 10 ans) s’est creusé, indiquant une tendance sûre pour les investisseurs quant à la faible confiance qu’on peut avoir dans l’économie française. En d’autres termes, lorsque le taux français à augmenté, tout s’est passé comme si, sur les marchés, les investisseurs avaient crié en chœur : « peu importe la note de la France (AAA comme l’Allemagne) nous savons qu’elle pas aussi solide que son voisin. Elle doit donc faire encore plus d’efforts ». Alors fini le débat croissance vs. austérité, fini aussi le dilemme récurrent entre assainir les finances à long terme ou acheter la paix social à court terme…
La Loi du marché
L’Etat français a tranché, dans le vif pourrait-on dire étant donné les chiffres annoncés. Si l’on peut s’interroger sur les conséquences sociales d’une telle mesure, il est certain qu’elle sera salutaire pour les financements futurs de la France. A l’heure actuelle, il est impossible de savoir si l’Etat tiendra ses engagements, mais le fait même qu’il se soit engagé dans une politique de réduction des dépenses publiques nous révèle une nouvelle tendance qui se dessine de plus en plus clairement : entre la rue – victorieuse en Grèce ces derniers décennies avec les conséquences que l’on sait – et les marchés – uniques garants de la création de richesses – le gouvernement semble enfin avoir fait son choix !
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