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Les faits de société à travers le prisme de l'économie…

Y a comme un problème…

Monétarisme ou Keynesianisme?

Jean Marc Vittori soulignait ce matin dans les Echos la faiblesse du ratio dette/PIB comme indicateur de la santé d’une économie et laissait penser, fort logiquement, qu’un ratio comparant un stock (une dette) -sans tenir compte de sa structure qui plus est – à un flux (production nationale) ne pouvait pas permettre aux investisseurs étrangers d’être confiants dans l’avenir des pays européens. Mr Vittori n’est pas le premier à dire cela; et nous avions déjà évoqué l’erreur de ce ratio et les dangers qui en découlent (ces fameux 3% de Maastricht qui ne veulent rien dire dès que la croissance passe sous les 5%); mais il semble mettre un voile sur un phénomène plus grave qui expliquerait sans doute aussi bien la méfiance actuelle des investisseurs: les politiques économiques européennes comme américaines sont en plein paradoxe et n’obéissent ni à la logique keynesienne (pourtant mise en avant par tous les partisans de la relance et du sauvetage des banques) ni à la logique monétariste friedmanienne (qui est le fondement des politiques de rigueur).

Keynes en son temps (jusqu’en 1936 dirons-nous puisqu’il admit son erreur en 1937… mais passons) expliquait déjà qu’une politique de relance ne pouvait fonctionner qu’en actionnant les deux leviers budgétaires et monétaires, ainsi il fallait des taux faibles (ce que l’on a) mais aussi des dépenses publiques fortes et orientées vers l’investissement (sic!). Or les hommes et femmes présents sur les marchés financiers aussi bien que sur ceux de l’immobilier et des biens et services n’ont pas accueilli la relance avec l’enthousiasme attendu, car ils ont anticipé que les dépenses d’aujourd’hui sont les impôts de demain. En bref, ils ont refusé d’être soumis à « l’illusion monétaire « de Keynes. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, la stagflation avait vu mourir les théories keynesiennes pour les mêmes raisons. Cependant, à la différence des actions menées lors des crises précédentes, les gouvernants s’entêtent dans une politique schizophrène: garder des taux bas pour favoriser les investissements et la consommation mais réduire toutes les dépenses publiques pour ne pas effrayer les marchés et éviter la faillite. Voilà une mixture au goût amer puisque la relance se voit amputée de son meilleur atout (l’effet multiplicateur) alors que la rigueur perdra de son effet en permettant aux investisseurs de se lancer dans les activités les plus risquées, faute de mieux dans une période aussi morose.

Le résultat sera donc inefficace peu importe le camp et la doctrine économique: peu de croissance donc peu d’emploi et en même temps de l’inflation (grâce aux taux faibles souhaités par les Etats endettés). Dès lors comment espérer autre chose que de la méfiance de la part des investisseurs, réel moteur de la croissance?

Rappelons une chose essentielle, les mécanismes économiques sont complexes car ils ont pour objets les individus, ce qui veut dire qu’une politique ne peut fonctionner que si elle est cohérente aux yeux de ces mêmes individus. Ainsi, le premier pas vers la reprise doit être de résoudre ce paradoxe dans la politique économique, Messieurs les politiciens, faites un choix, et faites le vite!

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Professeur Chesney : Enseignement de la finance

La convulsion du système bancaire et financier a révélé des comportements inquiétants, comme l’affaire Kerviel. Or, le monde académique n’en a pas véritablement tenu compte. Pourtant, le problème du cynisme et la question de la responsabilité face à ses actes devraient être traités.

Cette question est pertinente, puisque les leçons de la crise actuelle n’ont que très marginalement été tirées par la théorie financière et qu’en conséquence l’enseignement de la finance à l’université n’a pas vraiment été modifié. Or cette absence de réaction pose un véritable problème. L’université, à qui échoit la responsabilité de la formation des futures élites, se devrait, de par son caractère public, de réfléchir aux failles de la théorie financière ayant contribué à l’apparition de la crise, à l’utilisation qui est faite des connaissances qu’elle dispense ainsi qu’au comportement de ses diplômés. Deux exemples illustrent les problèmes qui peuvent apparaître à ce niveau. Le premier a trait à M. Kerviel, le trader qui a fait perdre 4,9 milliards d’euros à la Société Générale en 2007 et qui vient d’être condamné par la justice. Il a déclaré entre autres: «Dans une salle de marchés, le modus operandi idéal tient en une phrase: savoir prendre le maximum de risques pour faire gagner à la banque le maximum d’argent. Au nom d’une telle règle, les principes les plus élémentaires de prudence ne pèsent pas lourd. Au sein de la grande orgie bancaire, les traders ont donc juste droit à la même considération que n’importe quelle prostituée de base: la reconnaissance rapide que la recette du jour a été bonne.»

Le second exemple concerne M. Tourre, le centralien diplômé de Standford qui dès l’âge de 22 ans fut recruté par Goldman Sachs. Certains de ses courriels servent de pièces à conviction à la SEC qui accuse cette banque de s’être enrichie aux dépens de ses clients. Voici un extrait de sa prose: «De plus en plus d’effet de levier dans le système. L’édifice tout entier peut s’effondrer à chaque instant. Quand je pense que c’est un peu moi qui ai participé à la création de ce produit…, le genre de truc que tu inventes en te disant: et si on créait un machin qui ne sert absolument à rien, qui est complètement conceptuel et hautement théorique et que personne ne sait pricer, ça fait mal au cœur de voir que ça implose en vol. C’est un peu comme Frankenstein qui se retourne contre son inventeur.»

Que retirer de ces déclarations atterrantes? Qu’elles ne proviendraient que d’individus isolés et que la formation dispensée ne serait donc pas vraiment concernée. L’argumentation ne serait pas convaincante. Il conviendrait plutôt de remarquer que si la justice n’a mis en évidence que quelques cas, rien n’exclut que cet état d’esprit ne se soit généralisé et ce d’autant plus que rien de sérieux n’est entrepris pour lutter contre ces pratiques, au sein des formations de référence en finance. Le monde académique ne saurait ignorer ce problème. Il a la responsabilité de le traiter à la source et ne peut se contenter d’une attitude de fierté quant au placement de ses étudiants dans les institutions financières réputées.

De telles déclarations sont pitoyables. S’il s’avérait que l’état d’esprit qu’elles expriment est généralisé, il pourrait s’agir d’une faillite tant morale que scientifique du système de formation académique en finance. La faillite scientifique serait liée au caractère irréaliste de certains paradigmes classiques sur lesquels reposent encore, malgré la crise, de nombreux modèles. Ces paradigmes seraient en contradiction avec le fonctionnement des marchés financiers et les conséquences de l’innovation financière. Leurs caractéristiques les plus problématiques pourraient se décliner de la manière suivante.

– Les principaux marchés financiers seraient censés être transparents, liquides, efficients. Or aux moments cruciaux de la crise, ils se sont révélés opaques, asséchés et inaptes à transmettre des informations pertinentes. Comme le fait remarquer M. Tourre, il n’était pas vraiment possible d’évaluer le produit financier qu’il a contribué à créer. C’était en particulier ses caractéristiques complexes et opaques qui en étaient la cause. Lorsque la création de valeur, associée aux nouveaux produits financiers, est liée à ces caractéristiques, plutôt qu’à la transparence, alors l’hypothèse d’efficience des marchés est malmenée et l’innovation financière est susceptible de générer un risque systémique qui sera assumé par l’ensemble de la société.

– L’innovation financière serait un élément clé de la croissance économique et son impact en termes de risque systémique serait négligeable (pour ne pas dire négligé par la théorie financière). Ce qui est ainsi oblitéré, c’est d’une part que les produits financiers toxiques, à l’origine de la crise, résultent précisément de cette innovation, ce qui devrait inciter à la contrôler et d’autre part que si le volume de produits innovants devient trop important, par exemple dans le cas des CDS incriminés pendant la crise, ils peuvent avoir un impact sur le risque qu’ils sont censés couvrir et donc sur celui qu’ils sont susceptibles de générer. Le produit devant couvrir un risque de faillite, peut l’accentuer, à partir d’un certain volume de transactions.

Quant à la faillite morale, la plus désastreuse, elle serait évidente. La finance, y compris quantitative, n’est pas une matière uniquement technique. Le problème du cynisme et la question de la responsabilité face à ses actes, devraient être traités en amont, au sein des cursus universitaires. Comment? Tout d’abord en reconnaissant que ce sont des problèmes et non pas en le niant. Par ailleurs, en comprenant que les aspects moraux sont liés à des dimensions scientifiques.

Ainsi, ces questions épineuses devraient être introduites au sein des cours qui forment l’ossature d’un cursus. Par exemple, un cours traitant des produits dérivés ne devrait pas se limiter à leur description, évaluation et couverture. Il devrait aussi traiter de questions concrètes concernant l’attitude de certains traders, comme M. Kerviel, de manière à mener avec les étudiants une réflexion sur les causes de ces comportements. Il serait aussi nécessaire que ceux-ci réfléchissent à ce que devrait faire un trader s’il se sent incité par sa hiérarchie à prendre des risques inconsidérés et sur les conséquences qu’un tel comportement pourrait avoir, s’il était généralisé, en termes de risque systémique et de croissance économique.

Ainsi, c’est en montrant aux étudiants que les questions éthiques sont intimement liées à la théorie financière et en impliquant les professeurs de finance, au lieu de se contenter de les «sous-traiter» à un éthicien, qu’on leur donne plus de valeur et que l’intérêt des étudiants est susceptible d’être suscité.

Ces questions tant morales que scientifiques sont essentielles et doivent donc être traitées avec la plus grande attention, à moins de se satisfaire d’une situation où il n’y aurait «plus aucune espèce de conscience, sauf, si l’on peut s’exprimer ainsi, la conscience de l’opinion publique et celle du code pénal», comme l’a écrit Léon Tolstoï dans «La sonate à Kreutzer».

 

Source : Le Temps

 

 

 

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Lecture délibérément polémique d’un tract de l’UNEF

Une fois n’est pas coutume, nous ne parlerons pas d’économie. Il est souvent dur de se concentrer sur un unique sujet, de taire tout ce que l’on voudrait dire sur le reste, sur ce qu’on ne connaît pas suffisamment pour s’estimer « spécialiste » capable de fournir une expertise cohérente. Pourtant c’est ce que fait l’UNEF dans le tract que nous avons reçu aujourd’hui. Alors pour une fois, aventurons-nous à les lire en détails, même si ce n’est pas vraiment de l’économie, quoi que…

Un tract qui commence par annoncer une précarité indépassable pour les jeunes, on se dit tout de suite qu’il va falloir que ce soit bien argumenté ou très drôle… Mauvaise surprise.

« La réforme portée par le gouvernement remet en cause le principe de solidarité entre générations. » Vraiment? Ce sont bien les jeunes qui vont payer les retraites des plus vieux, solidaires donc.

« Nous refusons de devoir économiser pour nos vieux jours dans des fonds de pensions qui peuvent être ruinés du jour au lendemain ». Ces mêmes geignards ont-ils oublié qui financent notre dette en ce moment? Québec, Canada notamment… Ces mêmes pays qui n’ont pas de problèmes de retraites et pour cause, ils maîtrisent leur déficit d’une part (condition sine qua none, mais ce n’est pas là le point de l’UNEF) mais surtout, ils placent les cotisations dans devinez-quoi… des fonds de pensions, histoire que le montant grandissent et ce n’a pas l’air de les ruiner puisqu’ils sont nos créanciers aujourd’hui!

« Notre génération aspire à bénéficier des mêmes droits que nos aînés »(sic!) Evidemment, tout le monde voudrait vivre à DisneyLand! Le problème chers manifestants, c’est que le système de nos aînés ne marche pas, il est même voué à l’échec parce-que derrière le terme de solidarité inter-générationnelle se cache une arnaque à la Madoff à l’échelle nationale, une pyramide digne de Ponzi! Pour rémunérer le haut de la pyramide (nos aînés), il faut une base toujours plus grande et qui, à terme, cotise plus… Belle idée de vouloir conserver ce que vous critiquez dans le monde de la finance et de ses « dérives capitalistes »…

« La réforme aura pour conséquence de nous maintenir plus longtemps au chômage en début de carrière ». Vraiment? Il semble pourtant que la raison d’un accroissement de la durée du chômage soit liée avant tout à la conjoncture, puis à la législation sur le travail d’après les prix Nobel d’économie 2010. Si les patrons n’embauchent pas ou vous imposent « des premiers emplois précaires » c’est surtout parce qu’ils ne prendront pas le risque de vous engager étant donné la difficulté de vous licencier si vous ne faites pas l’affaire, sans parler des cotisations patronale et salariale que paie l’entreprise in fine. Décidément, encore une illustration de l’inculture économiques des rédacteurs de ces tracts.

Et enfin, pour la plaisir, la plus belle. Celle qui représente totalement l’incapacité de ces gens à comprendre le monde qui les entoure et surtout la chance qu’ils ont d’y vivre : « Pour les jeunes, c’est 1 million d’emploi qui ne seront pas libérés sur le marché du travail » Oh oui! se dit-on intérieurement, comme l’aboutissement d’un moment incertain; comme lorsqu’on écoute quelqu’un s’enliser peu à peu jusqu’à ce que finalement il se disqualifie totalement! La voilà l’erreur, d’aucun dirons la connerie qui discrédite définitivement leur action. Pardonnez leur Adam Smith, Bastiat, Ricardo, Say et vous tous qui avez eu ne serait-ce qu’une heure de cours d’économie au lycée, pardonnez leur, ils ne savaient pas. Parce que la faute est grave: l’économie c’est un jeu à somme positive dans lequel l’ensemble des actions individuelles créé plus de richesses que la somme de ces actions, c’est ce qu’on appelle la croissance. Chaque personne employée permet de produire plus de richesses et entraîne donc un nouveau flux de revenu qui donne une nouvelle opportunité à une autre entreprise quelque part d’embaucher encore pour profiter de ce flux nouveau. Ainsi plus il y a de « séniors » expérimentés et productifs, plus il y aura d’emplois pour les jeunes. Elémentaires penserons les plus sages, encore fallait-il le rappeler à ces messieurs de l’UNEF…

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France’s Worst Enemy (Nicolas Lecaussin)

A social model of inequality between the public and the private.

When the economic crisis struck in 2008, the French government assured its citizens that our social model would protect and cushion us; that we would not be hit nearly as hard as other countries in the downturn.

Two years later, one can hardly claim that France has been shielded by its social model. Unemployment has risen constantly, even more strongly than for our peers such as the U.K. and Germany. Even Germany has emerged better off than France, with its excellent export figures.

It would seem that, again, in the post-crisis period, the French model does not bring us good news. The 0.6% increase in France’s GDP for the second quarter falls well short of the 2.2% registered for Germany, which is expected to grow more than 3% (and as high as 3.5%) this year, against a 1.4% forecast for France. Similarly, the U.S. and the U.K. are expecting growth of more than 2.4% this year.

As always, we’re told that next year will be better. Paris predicts that it will enjoy growth of 2% in 2011, which would be some reversal of fortune given that next year the euro zone is only set to grow 1.4%. As this newspaper reported on Monday, Natixis economist Jean-Christophe Caffet highlighted this wishful forecasting with his prediction that the French economy will grow only 1% next year, after factoring in France’s spending cuts and weakening exports.

So it turns out that before, during, and after the crisis, the French social model so highly vaunted by our political leaders has been of no great help for the French economy. On the contrary, it has become the major obstacle to long overdue economic reforms. French leaders are right: The French social model does protect us. But not from the crisis—it protects us from economic growth.

The glorious past of this social model has been forgotten too quickly. Since the end of the 1970s, France has been bogged down in double-digit unemployment—more than 10% for adult workers and 21% for young job-seekers. Angst in the suburbs has increased without pause, and the national education system has sent hundreds of thousands of young people into the world without degrees, condemned to long-term unemployment.

Over the past 25 years, the number of young, qualified graduates fleeing France to find jobs abroad has continued to grow, while the wealthy continue to seek foreign shelter from the rapacious state. In France, where our supposed social model of « solidarity » functions so beautifully, we had 15,000 citizens die during the heat wave in the summer of 2003, abandoned by public social services and labor unions that work only to defend their privileges rather than their workers.

The French social model is above all a model of inequality between the public and the private, between those who enjoy lifetime employment and those who have to fend for themselves in the labor market. It is paradoxical, if not grotesque, to speak of equality and solidarity in a country where more than six million people live on public money and oppose every attempt at reforming the state. When it comes to salaries, retirement, or vacation, the public sector is clearly better off than the private. Remind me again, where is France’s famed equality?

Worse still, France breaks all records for withholding taxes, but it redistributes less of this money than most members of the OECD. Paris confiscates more than half the wealth created by French people, and redistributes less than the U.S., which only collects about 30% of its citizens’ riches. Where does the money go? The answer is that the French « model » has become a huge cheese: It has engendered an enormous bureaucracy, profiting more than one million civil servants. Politicians exploit it for electoral purposes and the unions hold it up as the model to follow.

It seems that the upper-most echelons of France’s bureaucratic elite are the only ones who can’t understand that income taxes and withholding taxes are counterproductive to growth, and that raising them will do nothing but harm efforts to reduce the public deficit. Meanwhile, thanks to laughable control mechanisms, much of the citizens’ welfare contributions never wind up reaching the poor, but instead are eaten up by armies of bureaucrats who are entrusted with « redistributing » my nation’s wealth. We have not created an equal, just, and brotherly society, but rather assisted in the rise of a caste that profits from the largesse of the welfare state and the unlucky masses who are forced to pay into it.

The Petit Robert dictionary associates the word « model » with another word, which is « to copy. » Well, as far as the French social model is concerned, one could say that it’s the model that the whole world envies but that no one would ever copy.

Mr. Lecaussin is director of development at France’s Institute for Economic and Fiscal Research (IREF).

Source : Wall Street Journal

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Billion dollar o gram

The Billion Dollar O Gram 2009

Source : L’Echo

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Faut-il se réjouir de la hausse de l’€uro?

Hourra! L’euro, malgré une légère baisse ce matin, reste au dessus des 1,30 dollar! Certains journalistes économiques nous présentent cela comme une victoire, mais est-ce vraiment le cas?

Raisons des variations de devises

La variation des devises à court terme dépend de deux facteurs, le différentiel de taux d’intérêt tout d’abord, c’est-à-dire que les détenteurs de devises cherchent le lieu où l’argent sera le mieux rémunéré. Lorsque ces taux d’intérêt sont faibles sur toutes les places économiques, ils se tournent vers le différentiel de taux de croissance, c’est-à-dire qu’ils recherchent le lieu où la richesse se crée le plus rapidement. Alors quand l’euro grimpe face au dollar, c’est plutôt une bonne nouvelle!

Tout est affaire de contexte

A y regarder de plus près, étant donné le faible taux de croissance européen, la baisse du dollar est avant tout une terrible nouvelle pour les Américains, cela veut dire que même un taux faible en Europe est préféré par les détenteurs de devises, reflet de leur manque de confiance dans l’avenir des US. Mais pour l’Europe, ce n’est guère mieux. Un euro fort c’est avant tout un frein pour les exportations (d’aucun diront un moyen de se protéger de l’inflation importée, mais en ce moment, quelle inflation?) et à l’heure où le marché intérieur n’est que peu dynamique, c’est se priver des exportations qui permettraient à nos entreprises de se relancer.

Mais il y a plus grave…

Mais il y a plus grave! Lorsque les investisseurs placent leur argent dans une zone où le taux d’intérêt n’est que de 1% et que l’accélération du taux de croissance est encore plus faible, c’est qu’ils ne voient plus de perspectives de croissance. Les risques liés à la dette des pays ainsi que la crainte d’une hausse des impôts dissuadent les agents économiques de se lancer dans des projets de long terme. Dès lors, même avec des taux d’intérêt de court terme aussi bas, les investissements n’augmentent pas et on se met à prier pour conserver un peu d’inflation (ou éviter la déflation) histoire de ne pas se retrouver dans la situation japonaise symbolisée par le tristement fameux « aplanissement de la courbe des taux »…

Alors faut-il se féliciter d’un euro fort? Oui, à condition de favoriser l’investissement interne et cela passe forcément par une réforme fiscale favorable aux entreprises à défaut de réelles perspectives d’enrichissement. En d’autres termes, la rigueur de l’Etat ne doit pas signifier la rigueur des entreprises…

A lire en complément: L’analyse de Luc Gaudet, DG chez Placements Louisbourg,

Et aussi, Convergence ou Concurrence fiscale par Jacques Garello, le Figaro

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Blog DFCG : De l’intérêt de détenir du cash

Traditionnellement, la recherche en finance d’entreprise n’accorde que peu d’intérêt à la question des réserves de cash (simplement perçues comme une dette négative).

Toutefois, depuis la fin de années 1990, différents travaux ont montré que les liquidités des grandes entreprises étaient souvent très importantes : elles représentent en moyenne entre 15 et 20 % de l’actif (voire 25 à 30 % juste avant la crise aux Etats-Unis). Des niveaux en forte évolution depuis les années 1970, qui ne dépassaient alors guère les 10 %. Plus récemment, la crises et les problèmes d’accès aux capitaux qu’elle pose à également relancé l’intérêt pour la question des réserves de liquidité. Quel est l’avantage pour les entreprises d’avoir d’importantes réserves de cash ? Laurent Frésard apporte une réponse inédite à cette question, en montrant qu’il s’agit d’un véritable outil stratégique dans des environnements hautement concurrentiels (1).

Laurent Frésard a étudié l’effet des réserves de cash sur la stratégie de plus de 5 000 entreprises américaines. Pour cela, il a relié les réserves de liquidité d’une firme (relativement aux niveaux moyens de celles de ses principaux concurrents) à l’évolution future de ses parts de marché.

Le chercheur s’est également intéressé au lien entre le niveau relatif des réserves de cash et la valeur boursière de l’entreprise, mesurée grâce au ratio « market-to-book ».

Les données sont extraites de Compusat et portent sur une période allant de 1973 à 2006.

Changer de regard sur les réserves de cash

Pendant longtemps, des réserves de liquidités anormalement élevées étaient plutôt perçues comme néfastes. Elles étaient soupçonnées d’offrir aux dirigeants une trop grande latitude d’action, au détriment des actionnaires (2). En effet, couplées avec une gouvernance déficiente, ces réserves auraient pu être utilisées pour financer des projets qui bénéficient davantage aux dirigeants qu’aux actionnaires. Pourtant, plutôt qu’un risque, Laurent Frésard voit dans de telles réserves de cash un véritable outil stratégique. En particulier en temps de crise, parce qu’elles n’ont pas besoin de passer par les marchés de capitaux pour se financer, les entreprises qui disposent de cash performent mieux que leurs concurrents.

Les réserves de cash : bien plus qu’un « coussin de précaution »

Mais ces réserves seraient-elles uniquement des « coussins de précaution » en période de crise ? Pas seulement, répond Laurent Frésard, qui explique qu’elles jouent aussi un rôle important dans la performance à long terme de la firme. Le chercheur attire notamment l’attention sur deux effets.

Une entreprise qui dispose d’importantes réserves de cash a davantage de flexibilité en termes de stratégie. Dans un environnement très compétitif, celui lui permettrait de baisser ses prix, de proposer un meilleur service à ses clients, de recruter des talents ou d’améliorer son réseau de distribution. Ces sacrifices de court terme permettent d’asseoir une position dominante sur le marché des biens et services et d’accroître ainsi sa performance à long terme.

Par ailleurs, un effet de répulsion peut se faire sentir : la stratégie d’une entreprise peut être influencée par le niveau de réserve de liquidités de ses concurrents. Par exemple, explique Laurent Frésard, la décision d’entrer ou non sur un nouveau marché ou de lancer un nouveau produit est indéniablement influencée par la puissance de feu des concurrents potentiels.

Impact des réserves de liquidité sur les parts de marché

Laurent Frésard étudie comment les réserves de liquidités d’une firme (analysées par rapport aux niveaux moyens de ses concurrentes) affectent ses résultats en termes de part de marché. Il montre qu’en moyenne, détenir une unité de réserve de cash supplémentaire par rapport à ses principaux concurrents entraîne une augmentation de presque 3 % de la part de marché dans les deux années suivantes. Une analyse plus détaillée des résultats permet de mettre en lumière des facteurs qui augmentent cet effet stratégique :

• les problèmes de financement des concurrents : l’effet est deux à trois fois plus important quand les concurrents éprouvent des difficultés à trouver des fonds ;
• la nature de la concurrence sur le marché : plus le marché est concurrentiel (nombre d’acteurs présents grand), plus l’effet est important ;
• la proximité technologique : il montre également que l’effet est plus marqué entre des entreprises qui sont proches en termes de technologies.


Effet du cash sur la valeur de la firme

Si Laurent Frésard montre que le fait d’avoir des réserves de cash agit positivement sur les parts de marché de l’entreprise, reste à savoir comment le marché évalue cette dimension stratégique.

En effet, le chercheur rappelle que « la croissance rapide des parts de marché n’est pas nécessairement positive pour l’entreprise ». Il montre néanmoins qu’une fraction de cash supplémentaire détenue par une entreprise se traduit par une valeur boursière supérieure de 6 % à celle de ses concurrents. Un phénomène qui semble s’être amplifié récemment avec la crise financière, et qui laisse penser que les investisseurs évaluent positivement la dimension stratégique du cash.

(1) Financial Strength and Product Market Behavior: The Real Effects of Corporate Cash Holdings, Journal of Finance, juin 2010, volume 65, n° 3, pages 1097 à 112.
(2) Pour plus de détails, voir le chapitre 39 du Vernimmen 2010

Source : Blog DFCG : De l’intérêt de détenir du cash.

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Réhabiliter la productivité par Albert Merlin

Face à la crise, les idées ne manquent pas. Mais où sont passés les concepts de base, parmi lesquels celui de productivité ? Le terme même figure-t-il au nombre des mots doux que s’échangent Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ? Pourtant, la productivité reste notre sève, seule capable d’enclencher la création de richesses et, par là, d’assurer durablement l’équilibre de nos finances. Qui s’y intéresse ? Sûrement pas les instituts de sondage, et les médias pas davantage. Il y a quelques exceptions : Strauss-Kahn dans les cercles politiques, Michel Aglietta dans le monde des experts, plus quelques non-conformistes. Mais il n’y a pas foule.

Source : Les Echos

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Echange est Richesse

L’OCDE publiait mercredi 16 juin son rapport sur les « Perspectives du développement mondial 2010 » qui met en avant une tendance nouvelle dans l’économie mondiale : un déplacement des échanges vers les pays en développement et une redistribution des richesses en leur faveur.

Deux remarques nous viennent à l’esprit à la lecture de ce rapport. Tout d’abord, il grave dans le marbre, si c’était encore nécessaire, une vérité profonde que beaucoup d’Européens ont oublié : la richesse des nations est liée à l’ouverture des frontières, à l’échange international. Deux exemples suffisent à illustrer cette vérité : la Chine a retrouvé – et nous insistons sur le terme retrouvé – une place de géant économique lorsqu’elle a accepté le jeu des échanges internationaux, rompant ainsi avec l’idéal de la Muraille qui l’avait entrainé vers le déclin que l’on sait ; et aujourd’hui, elle en est même le principal bénéficiaire, l’exportateur le plus compétitif dans nombre de secteurs. L’Inde a décollé de façon spectaculaire en s’ouvrant à l’échange, sur les conseils du Prix Nobel d’Economie Milton Friedman et de ses « Chicago Boys », au point de représenter une énigme pour les économistes tant son évolution a été rapide.

L’échange est donc moteur d’enrichissement national. Mais l’échange est aussi moteur d’enrichissement mondial, global et c’est l’objet de notre deuxième remarque.

La compréhension du mécanisme même de l’échange – ce que Hayek, un autre Prix Nobel, appelait la « catallaxie » c’est-à-dire « faire d’un ennemi  un ami » – dépend des mots choisis pour le définir et à ce jeu, c’est nous, Occidentaux, qui avons le plus d’efforts à fournir.

Redistribution des richesses ? Mais de quoi parle-t-on ? Lorsqu’un pays se lance dans le commerce international,  il apporte de nouveaux produits, de nouveaux moyens de production et augmente ainsi le stock de richesses mondiales. Les bénéfices qu’il retire de son commerce ne sont pas des pertes pour les autres concurrents mais bel et bien le résultat d’un apport supplémentaire dans la lutte mondiale contre la rareté. Rien n’a été redistribué, de la richesse a été créée !

Pour ne pas avoir peur de la montée en puissance de ces pays émergents, pour comprendre au contraire la chance que cela représente pour nous, habitants des vieux pays développés, il faut cesser de voir l’économie comme une tarte dont les parts sont redécoupées au gré des acteurs et de la concurrence. Quand un nouveau concurrent entre dans le jeu, ce ne sont pas les parts qui changent mais la taille de la tarte, et à ce jeu là, la richesse potentielle est infinie.

Loin de nous effrayer, l’ouverture et la compétitivité des pays émergents doivent nous rassurer car l’échange international est le meilleur remède aux prévisions alarmistes de Malthus et de siens, « au banquet de l’économie ouverte, il y aura toujours plus de couverts que d’invités. »

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Les craintes de la FED

On apprenait ce matin par Marc Fiorentino sur BFM Radio que la FED envisage déjà un nouveau plan de relance aux Etats-Unis en cas de reprise économique trop faible.

Le syndrome japonais

La raison est simple: éviter une crise japonaise… Le cas du Japon est très éclairant à ce sujet, lorsque le pays est entré en récession, une politique de relance axée sur une baisse des taux d’intérêt à été mise en place afin de relancer l’investissement. Jusqu’ici rien de très nouveau dans le monde de Keynes, sauf que le résultat fut des plus catastrophiques! Même en baissant les taux, les investisseurs se sont montrés réticents à produire plus, faute de perspectives encourageantes. En d’autres termes, ils n’ont pas été victime de l’Illusion Monétaire sur laquelle repose l’ensemble de la doctrine keynesienne. Résultat: des taux d’intérêt de court terme faibles, baissés artificiellement par les autorités monétaires, mais des taux de long terme aussi bas (ils représentent la rentabilité des investissements et se forment sur les marchés, donc impossible de « jouer » artificiellement dessus): c’est ce qu’on appelle l’inversement de la courbe des taux! Dès lors que les taux court et long se sont alignés, aplatis, l’économie risque d’entrer dans une stagnation durable…

Pour éviter cela, les Américains veulent relancer de plus belle, mais à ce jeu on prend le risque que les investisseurs ne se laissent pas berner et que les dépenses publiques gonflent pour rien. C’est le problème avec la relance; si elle échoue une première fois, il ne reste plus qu’une solution: relancer encore et encore au péril des finances publiques… En voulant éviter l’éclatement d’une bulle, on en crée souvent une encore plus grosse, c’est ça la politique champagne!

A lire en complément : Sortie de Crise sur le Blog à Lupus

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RÈseau LHC

Encore un site d’économie ?

Les économistes sont restés dans leur tour d’ivoire depuis trop longtemps, au point qu’aujourd’hui ils sont accusés de tous les maux et ne trouvent plus de place pour s’expliquer. Trop abstraite, trop complexe, incapable d’expliquer les phénomènes actuels, voilà la conception qu’a l’individu lambda de l’économie. Ce blog a pour but de réconcilier cette discipline simple, vivante et intuitive avec ceux qui s’interrogent sur les problèmes que posent nos économies globalisées. Ici, pas de mathématiques, pas de grands discours ni de suites incompréhensibles de statistiques. Nous ramenons l’économie dans la réalité qu’elle n’aurait jamais du quitter…