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Les faits de société à travers le prisme de l'économie…

France’s Worst Enemy (Nicolas Lecaussin)

A social model of inequality between the public and the private.

When the economic crisis struck in 2008, the French government assured its citizens that our social model would protect and cushion us; that we would not be hit nearly as hard as other countries in the downturn.

Two years later, one can hardly claim that France has been shielded by its social model. Unemployment has risen constantly, even more strongly than for our peers such as the U.K. and Germany. Even Germany has emerged better off than France, with its excellent export figures.

It would seem that, again, in the post-crisis period, the French model does not bring us good news. The 0.6% increase in France’s GDP for the second quarter falls well short of the 2.2% registered for Germany, which is expected to grow more than 3% (and as high as 3.5%) this year, against a 1.4% forecast for France. Similarly, the U.S. and the U.K. are expecting growth of more than 2.4% this year.

As always, we’re told that next year will be better. Paris predicts that it will enjoy growth of 2% in 2011, which would be some reversal of fortune given that next year the euro zone is only set to grow 1.4%. As this newspaper reported on Monday, Natixis economist Jean-Christophe Caffet highlighted this wishful forecasting with his prediction that the French economy will grow only 1% next year, after factoring in France’s spending cuts and weakening exports.

So it turns out that before, during, and after the crisis, the French social model so highly vaunted by our political leaders has been of no great help for the French economy. On the contrary, it has become the major obstacle to long overdue economic reforms. French leaders are right: The French social model does protect us. But not from the crisis—it protects us from economic growth.

The glorious past of this social model has been forgotten too quickly. Since the end of the 1970s, France has been bogged down in double-digit unemployment—more than 10% for adult workers and 21% for young job-seekers. Angst in the suburbs has increased without pause, and the national education system has sent hundreds of thousands of young people into the world without degrees, condemned to long-term unemployment.

Over the past 25 years, the number of young, qualified graduates fleeing France to find jobs abroad has continued to grow, while the wealthy continue to seek foreign shelter from the rapacious state. In France, where our supposed social model of « solidarity » functions so beautifully, we had 15,000 citizens die during the heat wave in the summer of 2003, abandoned by public social services and labor unions that work only to defend their privileges rather than their workers.

The French social model is above all a model of inequality between the public and the private, between those who enjoy lifetime employment and those who have to fend for themselves in the labor market. It is paradoxical, if not grotesque, to speak of equality and solidarity in a country where more than six million people live on public money and oppose every attempt at reforming the state. When it comes to salaries, retirement, or vacation, the public sector is clearly better off than the private. Remind me again, where is France’s famed equality?

Worse still, France breaks all records for withholding taxes, but it redistributes less of this money than most members of the OECD. Paris confiscates more than half the wealth created by French people, and redistributes less than the U.S., which only collects about 30% of its citizens’ riches. Where does the money go? The answer is that the French « model » has become a huge cheese: It has engendered an enormous bureaucracy, profiting more than one million civil servants. Politicians exploit it for electoral purposes and the unions hold it up as the model to follow.

It seems that the upper-most echelons of France’s bureaucratic elite are the only ones who can’t understand that income taxes and withholding taxes are counterproductive to growth, and that raising them will do nothing but harm efforts to reduce the public deficit. Meanwhile, thanks to laughable control mechanisms, much of the citizens’ welfare contributions never wind up reaching the poor, but instead are eaten up by armies of bureaucrats who are entrusted with « redistributing » my nation’s wealth. We have not created an equal, just, and brotherly society, but rather assisted in the rise of a caste that profits from the largesse of the welfare state and the unlucky masses who are forced to pay into it.

The Petit Robert dictionary associates the word « model » with another word, which is « to copy. » Well, as far as the French social model is concerned, one could say that it’s the model that the whole world envies but that no one would ever copy.

Mr. Lecaussin is director of development at France’s Institute for Economic and Fiscal Research (IREF).

Source : Wall Street Journal

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D’une bulle à l’autre, les délices de la politique champagne !

Pour fêter le livre de Nouriel Roubini (Economie de Crise), il serait peut-être de bon ton de développer un peu cette idée de bulles économiques.

Un concept flou mais pourtant pas si compliqué à comprendre, et tellement important pour anticiper les conséquences des politiques actuelles.

Pour saisir l’essence du concept, deux choses à garder en tête : premièrement, les hommes et femmes répondent aux incitations données par les institutions, c’est-à-dire que les institutions (politiques, économiques, sociales) font les incitations des individus qui font elles-mêmes les comportements et ce sont ces comportements qui aboutissent aux résultats qu’on observe dans la société. Ainsi, on ne peut comprendre une situation donnée simplement en observant la société ou le marché à un moment donné. Il faut toujours et avant tout tenir compte des institutions qui régissent les vies des gens.

Deuxièmement, les prix ont un sens. Un prix se fixe sur un marché selon les préférences des individus, la quantité de biens demandée et la quantité offerte par les producteurs qui dépend elle-même des capacités des entreprises. On peut donc dire que le prix reflète l’ensemble des goûts et capacités de la société, il est un symbole essentiel au bon fonctionnement du marché. Lorsque le prix augmente, c’est que les consommateurs veulent davantage de ce bien et cela incite de nouvelles entreprises à entrer sur le marché pour profiter de cette hausse de prix…

Que se passe-t-il alors quand les prix sont artificiellement modifiés ? Les producteurs font de mauvaises anticipations. Si le prix est artificiellement haut, ils pensent que la demande est grande et décident d’entrer sur le marché. Ils vont investir (engager des fonds qu’il faudra rembourser) pour produire plus et s’apercevront ensuite  que personne ne veut ces biens excédentaires. Ils ne pourront donc pas rembourser leurs investissements et feront faillite. C’est ce que Hayek appelait l’Effet Accordéon (Concertina Effect), car l’économie se détend artificiellement puis se contracte avec les faillites des entreprises trop nombreuses sur un marché.

Lorsque les entreprises ont sur-investi dans les valeurs informatiques (la fameuse bulle internet), les gouvernants des Etats-Unis ont tenté d’éviter l’éclatement de cette bulle. Craignant des faillites inéluctables (les entrepreneurs étaient trop optimistes), ils ont faciliter la création immobilière, en baissant les taux d’emprunt pour les entreprises et les ménages désireux d’acheter de l’immobilier. Ce fut le début de la crise des subprimes… En effet, en trichant sur un prix (ici le taux d’emprunt, qui n’est rien d’autre que le prix qui se fixe sur le marché des fonds prêtables, c’est-à-dire entre les personnes voulant emprunter et celles ayant de l’épargne), on a modifier les incitations des acheteurs et des investisseurs. On a alors produit trop d’immobilier par rapport à ce que pouvaient acheter les ménages américains. Quand les Américains s’en sont aperçus, les entrepreneurs ne pouvaient plus rembourser leurs investissements, ce fut l’éclatement de la bulle immobilière créée par l’Etat Américain pour éviter la bulle internet. C’est ça la politique champagne ! On passe d’une bulle à l’autre.

Et bien, c’est ce que nous prédit Nouriel Roubini (qui rappelons le, avait déjà prévu la crise des subprimes) pour les années à venir. La raison est toujours la même. En conservant des taux d’intérêt faibles dans les plus grandes places mondiales (US, UE), on incite les entrepreneurs à investir et à court terme, cela va créer de la croissance. Mais cette croissance sera fictive puisqu’on va produire alors que personne ne peut acheter ces nouveaux biens. Et hop ! Nouvelle bulle, nouvelle crise…

Cela doit nous amener à une conclusion fondamentale : chaque fois qu’il y a intervention publique dans l’économie, elle doit être mûrement réfléchie et jamais motivée par la volonté de « réorienter » l’investissement dans un secteur moins risqué ; sans quoi on ne fera que passer d’une bulle à l’autre, bulles devenant de plus en plus grosses jusqu’à ce qu’elles éclatent : la fatalité de la politique champagne…

A lire en complément : Le Blog à Lupus

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La solution de l’inflation, ou la politique champagne!

Jean Marc Vittori faisait ce matin l’apologie de l’inflation pour régler le problème de la dette souveraine. (Les Echos)

Evidemment la solution est séduisante, comme les bonnes intentions dont l’enfer est pavé ! Les prix augmentant, la dette des Etats a de moins en moins de valeur et le remboursement est plus facile. Simple n’est-ce pas ?

Oui simple comme détruire l’économie…

Que se passe-t-il lorsqu’on crée de l’inflation ? Les prix augmentent uniformément durablement donc ceux qui possèdent un capital le voient fondre (le pouvoir d’achat de la monnaie diminuant) tandis que les endettés voient leur dette diminuer (la somme qu’ils remboursent n’a plus la même valeur).

Rappelons nous que le moindre changement dans l’économie entraine un changement des comportements. Que vont faire les individus détenteurs de fonds ? Ils vont préférer acheter des biens dont la valeur ne diminue pas (l’or bien évidemment et les biens de luxes comme les œuvres d’art) ; et ces biens ne créent pas de richesse. Donc les détenteurs de fonds vont ralentir la croissance…

Par ailleurs, une variation des prix va transformer les perspectives de gains des investisseurs mal informés. C’était d’ailleurs l’idée de Keynes et de sa fameuse « illusion monétaire ». Les investisseurs voyant que les prix augmentent, pensent qu’il y a des perspectives de gains (des prix qui augmentent impliquent pour eux des plus grands profits…). Mais lorsqu’ils s’aperçoivent que les prix ne reflètent pas l’activité du marché mais simplement la politique de l’Etat, ils quittent les marchés. C’est ce qu’il s’est passé aux Etats-Unis dans le secteur immobilier qui a entrainé la crise que l’on connaît. On a alors faciliter les investissements immobiliers, ce qui a entrainé un sur-investissement dans le domaine et lorsqu’on s’est aperçu qu’il y avait trop de constructions par rapport à la demande immobilière, les prix ont chuté, causant la faillite des investisseurs. Ainsi tenter à nouveau de tromper à nouveau les investisseurs par l’inflation revient à faire de la « politique champagne » : calmer la crise due à la bulle immobilière en créant une nouvelle bulle !

Ainsi, l’inflation va tromper les investisseurs entrainant faillites et chômage à long terme, elle va aussi favoriser les endettés et réduire les bénéfices des détenteurs de capitaux.

Enfin, dans un monde globalisé, l’inflation va réduire le pouvoir de l’euro par rapport aux autres devises. L’euro vaudra de moins en moins cher. C’est un bien pour la compétitivité à court terme mais cela augmentera le coût de nos importations. De plus, l’avantage fourni par la baisse de ces prix va limiter les incitations à devenir plus efficace en innovant et en restructurant nos entreprises.

En clair, les entreprises européennes pourront facilement exporter grâce à la faible valeur de l’euro et utiliseront leur avantage pour retarder l’obligation de maîtriser leurs coûts et de créer de nouveaux produits.

Comment peut-on alors faire la promotion d’un tel système qui a prouvé sa faiblesse dans les années 1980 (avec la mise en place de la « désinflation compétitive ») et qui représente la raison même de la création de la BCE ?

Une chose est sûre. Si la solution de l’inflation est choisie par les Etats, l’UE sera le théâtre d’un combat politique vif entre la BCE et les Etats Membres, qui ne manquera pas de créer un trouble sur les marchés financiers…

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Les spéculateurs sont-ils mauvais?

Dans une société où l’Etat est acteur économique majeur, il est nécessaire de posséder des fonds publics importants. Or depuis la chute des économie planifiée de l’ex URSS, il n’existe plus que deux moyens pour récupérer ces fonds : la fiscalité d’une part, la levée de fonds sur les marchés financiers d’autre part.

Lorsque la fiscalité a atteint un maximum, il faut alors se tourner vers les investisseurs financiers, les fameux « méchants » spéculateurs.

Que font-ils concrètement ? Ils acceptent de prêter leurs fonds pour une durée donnée en échange d’un intérêt qu’ils récupèrent régulièrement ou au terme du prêt. Il se crée donc simplement un marché de l’offre et la demande de fonds, et comme sur tous les marchés, le prix (ici l’intérêt) va fluctuer selon les quantités demandées et offertes et les risques de l’échange (ici le risque de ne pas être remboursé s’il y a faillite de l’Etat).

Lorsque les Etats ont besoin de fonds et que leurs finances sont mauvaises, les taux d’intérêt vont grimper puisque les investisseurs vont craindre un défaut de remboursement.

La première conclusion est donc que, loin d’être mauvais, les investisseurs sont l’expression marchande de la sanction d’une mauvaise gestion des finances publiques.

Oui mais, on voit aujourd’hui en Europe, qu’ils favorisent la faillite des Etats simplement pour faire des bénéfices ! Ils sont donc mauvais n’est-ce pas ?

Pas vraiment. En réalité, ils expriment leurs craintes face à des Etats qui ont du mal à coopérer. Ici, ils sanctionnent les défaillances institutionnelles du l’UE.

C’est ce que mettait en exergue un brillant article du journal The Economist cette semaine intitulé « The euro’s existential worries ».

Quelles sont ses défaillances institutionnelles ?

Elles sont le reflet de pays désireux de coopérer, de s’unir dans l’UE mais dont les fonctionnements sont très différents. D’un côté, des pays rigoureux dont le contrat social est fondé sur une stabilité économique (l’Allemagne d’après guerre longtemps blessée par une hyperinflation qui réduisait le pouvoir d’achat des citoyens), de l’autre des pays qui ont acheté la paix sociale avec d’importantes dépenses, des retraites généreuses et des réformes de fond toujours repoussées (la Grèce notamment). Ainsi, lorsqu’il s’est avéré que le système grec ne fonctionnait pas, il a fallu du temps aux Allemands pour accepter de se sacrifier pour un pays jugé « laxiste ».

Cette attente a été ressentie sur les marchés financiers comme un manque de coordination des Etats Membres, un sentiment qu’il y aura toujours des tensions entre ces pays unifiés mais trop différents pour connaître une croissance durable et homogène au sein de la zone. C’est cela qu’ont sanctionné les investisseurs.

Peut-on les condamner d’avoir peur ? Difficilement, étant donné que les premiers économistes ayant travaillé sur la création de l’union monétaire européenne avaient déjà fait les mêmes remarques…

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Evasion fiscale et notion de causalité en économie

L’Etat a besoin d’argent. Partons de ce postulat simple et tout à fait légitime après son intervention massive pour nous sauver de la crise.

Si l’Etat a besoin d’argent, il est donc nécessaire que les citoyens contribuent aux dépenses publiques à travers leurs impôts. Ici se pose alors la question de l’évasion fiscale.

On entend, depuis un an, les membres du gouvernement nous affirmer que si l’on pouvait contraindre les « évadés » à revenir payer leurs impôts en France, le problème du déficit public serait réglé. D’un point de vue purement comptable, les choses sont simples : les payeurs ont fui et le déficit est la cause immédiate de leur refus de participer aux efforts de l’Etat. Très bien, mais cette causalité est fausse.

Pour résoudre efficacement ce problème d’évasion il faut comprendre la notion fondamentale de l’économie : les individus répondent à des incitations. Dès que les choses changent dans leur environnement, ils s’adaptent et adoptent de nouvelles stratégies.

Fort de cette notion, revenons à notre problème d’évasion. Pourquoi les plus riches (et même les moins riches depuis quelques mois) tentent-ils de fuir leur pays ? Parce qu’ils s’adaptent ! Les premiers sont partis lorsqu’ils ont estimé que le montant à payer étaient trop lourd comparé à la qualité des prestations publiques qui leur étaient « offertes ». Ainsi, ils ne créent pas le déficit en fuyant, ils fuient parce qu’ils paient déjà trop compte tenu de que fait l’Etat avec leurs impôts !

Et pourquoi d’autres, moins riches, les suivent à présent ? Pour la même raison. Ils savent que les impôts risquent d’augmenter encore, non pour fournir de meilleures prestations pour la société mais pour rembourser la dette.

Ainsi, pour combattre l’évasion, il faut accepter la dure réalité : les individus mesurent toujours les coûts et les bénéfices de leurs actions. Lorsque payer plus ne rapporte rien en terme de qualité de vie, ils arrêtent de payer et prennent le risque d’être puni en fuyant leur pays. Loin d’être responsables du déficit, ils sanctionnent la mauvaise gestion de l’Etat !

La lutte contre l’évasion fiscale ne passera pas par une loi, mais par une meilleure utilisation des revenus récoltés par l’impôt et surtout, par une maîtrise des dépenses publique…

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RÈseau LHC

Encore un site d’économie ?

Les économistes sont restés dans leur tour d’ivoire depuis trop longtemps, au point qu’aujourd’hui ils sont accusés de tous les maux et ne trouvent plus de place pour s’expliquer. Trop abstraite, trop complexe, incapable d’expliquer les phénomènes actuels, voilà la conception qu’a l’individu lambda de l’économie. Ce blog a pour but de réconcilier cette discipline simple, vivante et intuitive avec ceux qui s’interrogent sur les problèmes que posent nos économies globalisées. Ici, pas de mathématiques, pas de grands discours ni de suites incompréhensibles de statistiques. Nous ramenons l’économie dans la réalité qu’elle n’aurait jamais du quitter…