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Les faits de société à travers le prisme de l'économie…

Une réforme en trompe-l’oeil

Le plan annoncé par François Fillon ressemble à ces trompe-l’œil qui décoraient les escaliers des hôtels particuliers ; si de prime abord, il semble réel et cohérent, on s’aperçoit bien vite de la supercherie à travers les erreurs de perspectives et l’absence de profondeur. Voici comment les choses se présentent : une augmentation des taxes sur les biens inélastiques, ceux que l’on consomment par addiction (tabac, sodas), un rabot sur les niches fiscales déjà rabotées (sic !), une re-fiscalisation des heures supplémentaires, soit une réduction des incitations à produire plus et un risque pour la croissance déjà faible,  un effort supplémentaire des hauts revenus, c’est-à-dire ceux qui investissent, et la fin des exonérations et le durcissement de l’immobilier secondaire, donc par ricochet un marché de la location plus rigide dans un pays où le logement est déjà problématique.

Bref ! Une peinture de hausse générale des recettes de l’Etat pour retrouver un déficit conforme aux obligations européennes.

Rigueur ou règle d’or ?

Mais n’est-ce pas alors une sorte de règle d’or plutôt qu’un plan de rigueur ? Aligner les dépenses et les recettes, ce n’est pas réellement de la rigueur, cela doit être fait, c’est indéniable, particulièrement pour conserver la confiance des financiers, car c’est bien à eux que s’adressent ces mesures, mais ce n’est pas à proprement parler de la rigueur…

Voilà le trompe-l’œil qui apparaît plus clairement.

Une règle d’or, ou pour ne pas faire de polémiques, un comportement tout simplement responsable du gouvernement demeure une bonne chose, mais pour autant, il existe deux façons d’aligner les recettes et les dépenses, soit on augmente les recettes, soit on réduit les dépenses. Seule la deuxième solution représente une politique de rigueur, et seule cette dernière peut assainir durablement l’économie comme le démontre l’exemple allemand qui a durant plusieurs années favorisé l’investissement et l’entreprise pour augmenter la création d’emploi au prix d’un blocage des salaires sans pour autant augmenter drastiquement les impôts; or c’est bien l’autre solution qui a été choisie !

A ce petit jeu, difficile d’affirmer que l’objectif des 3% sera atteint, mais une chose est sûre : la croissance ne repartira pas en continuant à dépenser tous azimuts et en niant la nécessité de réformer en profondeur le rôle de l’Etat : la relance n’a pas fonctionné, les entreprises ne parviennent plus à se créer et les dépenses de l’Etat ont entrainé ces dernières années une éviction de l’épargne du privé vers le public qui a affecté l’emploi. C’est sur ce point qu’il aurait fallu copier l’Allemagne…

Une question de priorités

Finalement tout est affaire de priorités : si on veut avant tout conserver le fameux triple A pour continuer à emprunter et dépenser plus, alors la réforme est peut-être une bonne chose, en revanche, si l’objectif est d’améliorer la situation des Français, il va falloir en faire davantage : augmenter les impôts, soit, mais aussi réduire les dépenses afin de restaurer la confiance des entreprises et des travailleurs français, pour que l’emploi reparte, entrainant dans son sillage, les salaires et la croissance. Et cette confiance là passe avant tout par plus de liberté d’entreprendre, plus de flexibilité sur le marché de l’emploi et plus d’écoute des citoyens : ce qu’ils veulent c’est du travail et du pouvoir d’achat, pas un triple A.

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Y a comme un problème…

Monétarisme ou Keynesianisme?

Jean Marc Vittori soulignait ce matin dans les Echos la faiblesse du ratio dette/PIB comme indicateur de la santé d’une économie et laissait penser, fort logiquement, qu’un ratio comparant un stock (une dette) -sans tenir compte de sa structure qui plus est – à un flux (production nationale) ne pouvait pas permettre aux investisseurs étrangers d’être confiants dans l’avenir des pays européens. Mr Vittori n’est pas le premier à dire cela; et nous avions déjà évoqué l’erreur de ce ratio et les dangers qui en découlent (ces fameux 3% de Maastricht qui ne veulent rien dire dès que la croissance passe sous les 5%); mais il semble mettre un voile sur un phénomène plus grave qui expliquerait sans doute aussi bien la méfiance actuelle des investisseurs: les politiques économiques européennes comme américaines sont en plein paradoxe et n’obéissent ni à la logique keynesienne (pourtant mise en avant par tous les partisans de la relance et du sauvetage des banques) ni à la logique monétariste friedmanienne (qui est le fondement des politiques de rigueur).

Keynes en son temps (jusqu’en 1936 dirons-nous puisqu’il admit son erreur en 1937… mais passons) expliquait déjà qu’une politique de relance ne pouvait fonctionner qu’en actionnant les deux leviers budgétaires et monétaires, ainsi il fallait des taux faibles (ce que l’on a) mais aussi des dépenses publiques fortes et orientées vers l’investissement (sic!). Or les hommes et femmes présents sur les marchés financiers aussi bien que sur ceux de l’immobilier et des biens et services n’ont pas accueilli la relance avec l’enthousiasme attendu, car ils ont anticipé que les dépenses d’aujourd’hui sont les impôts de demain. En bref, ils ont refusé d’être soumis à « l’illusion monétaire « de Keynes. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, la stagflation avait vu mourir les théories keynesiennes pour les mêmes raisons. Cependant, à la différence des actions menées lors des crises précédentes, les gouvernants s’entêtent dans une politique schizophrène: garder des taux bas pour favoriser les investissements et la consommation mais réduire toutes les dépenses publiques pour ne pas effrayer les marchés et éviter la faillite. Voilà une mixture au goût amer puisque la relance se voit amputée de son meilleur atout (l’effet multiplicateur) alors que la rigueur perdra de son effet en permettant aux investisseurs de se lancer dans les activités les plus risquées, faute de mieux dans une période aussi morose.

Le résultat sera donc inefficace peu importe le camp et la doctrine économique: peu de croissance donc peu d’emploi et en même temps de l’inflation (grâce aux taux faibles souhaités par les Etats endettés). Dès lors comment espérer autre chose que de la méfiance de la part des investisseurs, réel moteur de la croissance?

Rappelons une chose essentielle, les mécanismes économiques sont complexes car ils ont pour objets les individus, ce qui veut dire qu’une politique ne peut fonctionner que si elle est cohérente aux yeux de ces mêmes individus. Ainsi, le premier pas vers la reprise doit être de résoudre ce paradoxe dans la politique économique, Messieurs les politiciens, faites un choix, et faites le vite!

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Economie et liberté, le cas Russe…

Pourquoi certaines informations ne sont pas relayées par les médias ?  Pourtant cela permettrait de comprendre les raisons des difficultés de commercer et de s’entendre aussi bien économiquement que politiquement avec certains pays…

En voici une illustration.  Moscou, 5 Novembre dernier, Oleg Kashin, journaliste au « Kommersant » a été littéralement passé à tabac à l’entrée de son domicile. Ses agresseurs lui ont brisé les doigts pour qu’il ne puisse plus écrire, la mâchoire pour qu’il ne puisse plus parler et une jambe pour qu’il ne puisse plus marcher. Le choc tant émotionnel que physique fut si violent que les médecins durent le plonger dans un coma artificiel.

La raison d’une telle agression : Kashin écrivait sur la gestion des grands problèmes économiques et politiques par le Kremlin, notamment un projet de construction autoroutière à travers une forêt dans les alentours de Moscou. Dernière d’une longue liste d’agression – au moins 22 journalistes tués en Russie d’après Journalistes Sans Frontières – cette démonstration de violence représente une gradation de l’intolérance du pouvoir à l’égard de ses détracteurs, en effet Kashin, contrairement à Anna Politkovskaya assassinée en 2006, ne menait pas d’investigations destinées à mettre à mal le pouvoir du Kremlin.

Pourtant nul doute qu’une telle attaque quelques jours à peine après les déclarations de Khodorkovsky lors de son procès, dont le jugement devra être rendu le 15 décembre prochain, met en évidence les difficultés de vivre en harmonie avec un voisin si peu concerné par la « rule of law ».

Comment échanger librement avec un pays dans lequel même la presse n’est pas libre (d’après l’index of press freedom, la Russie 140ème est moins libre que l’Afghanistan et la Turquie et juste au dessus de l’Irak) ? D’après l’édition russe du magasine Forbes, « Peu importe qui se trouve derrière ce crime, la responsabilité demeure celle du chef de l’Etat. Ce n’est qu’avec son consentement  ou son encouragement  qu’une telle atmosphère de terreur contre ses dissidents a pu être créée, la censure restaurée et le contrôle civil sur les services de sécurité et la police réduit à néant, rendant la concurrence honnête impossible ».

A l’heure où les Etats Membres de l’Union Européenne cherchent un accord sur la création d’un marché unique de l’énergie pour éviter la dépendance à la Russie des pays les plus à l’Est  (souvenons-nous de la crise de gas naturel en Géorgie il y a quelques années), débattant sur l’efficacité économique à moyen terme d’un réseau européen, peut-être faudrait-il prendre la situation russe en considération.

En complément :

Les déclarations de Khodorkovsky

L’analyse de l’International Press Institute

Press Freedom Index

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Risque d’impayés : la France plus mal notée que la Chine ou que Danone

Avec la crise de la dette des États périphériques de la zone euro, certaines grandes entreprises se financent aujourd’hui à moindre coût que dans leur pays d’origine. Le classement des CDS, les Credit Default Swaps, réservent des surprises de taille.

Le risque n’est plus où il était. « Historiquement, explique Anne Velot chezAxa Investment Managers, les prêteurs considéraient que la signature des États était plus sûre que celle des entreprises. Or ce n’est plus toujours le cas. » Sur les marchés des Credit Default Swaps (CDS), ces assurances contre le risque de défaut des émetteurs, « certaines entreprises espagnoles ou portugaises ont des coûts d’assurance inférieurs à ceux de leur pays d’origine », relève Thibault Cuillière, stratège crédit chez Natixis. S’il précise que les faibles volumes traités sur ce marché comme l’intense spéculation qui y règne pourraient être à l’origine d’anomalies, il faut reconnaître que le niveau des taux dit la même chose. Que le gazier Bord Gais Eireann se finance à moindre coût que l’État irlandais, comme l’hellène OTE par rapport à l’État grec, le pétrolier ENI par rapport à l’État italien ou encore Portugal Telecom par rapport à l’État portugais, est en soi une nouvelle donne. Même si ce n’est pas vrai partout – et en particulier en France -, « cette nouvelle hiérarchie des risques qui émerge est l’événement le plus important de la décennie », juge Maurice de Boisséson chez Octo Finances.

Trois raisons

Ce bouleversement a trois origines. D’abord, un effet de ciseau : pendant que les États ont dépensé sans compter pour sauver leur économie, au point qu’un risque de défaut chez certains n’est plus une hypothèse farfelue, les entreprises, échaudées par l’assèchement du crédit bancaire fin 2008, ont assaini leur bilan et allongé la maturité de leur dette. Certaines sont même devenues d’excellentes signatures.

Ensuite, la mobilité du capital face à l’immuabilité territoriale des États. Quand les entreprises se développent sur des régions en croissance, quitte à délaisser leur pays d’origine, les États ne peuvent se délocaliser, et sont contraints d’en subir les performances. La recette fiscale, elle, reste territoriale.

Enfin, si les États conservent le monopole de l’impôt, l’intense concurrence fiscale limite aujourd’hui leur liberté d’action. Trois facteurs lourds qui ont fini par rogner le privilège et partant le statut de l’État qui, selon Maurice de Boisséson, « se voit progressivement relégué au rang d’un emprunteur comme les autres. »

Les CDS des groupes financiers européens malmenés

L’idée qu’un groupe d’intérim puisse être plus solvable qu’un assureur aurait pû prêter à sourire avant la chute de Lehman Brothers le 15 septembre dernier. Mais il s’agit bel et bien aujourd’hui d’une réalité. Du moins aux yeux des investisseurs. Le CDS d’Adecco de maturité à cinq ans, qui cote 123 points, vaut même légèrement moins que celui d’Axa. En clair, le coût de couverture contre un risque de défaut du premier est moindre que pour le second.

D’une manière générale, le piètre état de santé des finances publiques européennes affecte en premier lieu la qualité de signature des établissements bancaires. Principalement d’origine d’Europe du Sud. Ainsi, Banco Espirito Santo (699 points) et Banco Comercial Portuges (695 points) affichent les primes de risque les plus élevées de l’indice Markit iTraxx des CDS des sociétés européennes notées «investment grade». Sachant que la valeur moyenne de l’indice avoisine 105 points. À l’opposé, les meilleurs profils de risque se situent plutôt du côté des secteurs de l’agroalimentaire et des biens de consommations. À l’image de Cadbury (32,7 points) ou encore Altadis (41,7 points).

La France plus risquée que la Malaisie et la République tchèque

Selon la hiérarchie du prix des « Credit Default Swap » à 5 ans (CDS), le risque que court un investisseur en plaçant des liquidités sur la dette française est désormais plus élevé qu’un placement sur la dette tchèque ou malaisienne. À 83 points de base, l’assurance contre un défaut sur 10 millions d’euros de dette française coûte désormais 83.000 euros par an, contre 81.000 pour le même montant de dette de la République tchèque et 75.000 euros pour des obligations d’État malaisiennes.

« Cela a un sens d’observer le niveau des CDS au sein de la zone euro, mais il vaut mieux regarder le niveau des taux d’intérêts pour appréhender le niveau du risque souverain entre les États », souligne Nicolas Forest, responsable de la stratégie taux chez Dexia. De fait, les marchés obligataires contredisent les CDS, puisque le taux des obligations à 5 ans malaisiennes et tchèques s’établissent rspectivement à 3,26 % et 2,60 %, contre seulement 1,90% pour la France. À l’inverse, l’écart de prix entre les CDS irlandais et français s’établit à 400 points de base, contre un écart de taux entre leurs titres à 5 ans de 405 points de base.

 

Source : La Tribune

 

 

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David Baverez : Le retour de la stagflation

Comme vous le diront les grands économistes, « l’inflation, c’est comme le ketchup » : comme ça ne sort pas naturellement, on tape dessus, encore et encore, jusqu’à ce qu’on en ait plein son assiette…

Salaires en hausse de 20 % en Chine, prix des matières premières de retour au pic du premier semestre 2008, biens alimentaires attendus en hausse à deux chiffres par la FAO, prix de l’habillement au Royaume-Uni estimé par Next en hausse de 8 %… autant de signes annonciateurs du retour de l’inflation dès 2011. Le concept de “core inflation”, officiellement sous contrôle, devient ainsi de moins en moins pertinent pour le commun des mortels des lors qu’il exclut la hausse des principaux postes de dépenses… Allez donc expliquer l’absence d’inflation aux Parisiens, quand seulement 1 %, s’ils n’ont pas eu la chance d’hériter un capital de leurs parents, peuvent financièrement se loger dans plus de 100m2…

On voit bien, comme lors du premier semestre 2008, la réaccélération du transfert de richesses des pays développés, dont la valeur ajoutée est de moins en moins reconnue par le client final, vers les pays émergents, riches de leurs ressources naturelles.

A ce retour de l’inflation semblent s’allier les premiers signes de ralentissement de la reprise économique non seulement de la part du consommateur (révisions de Carrefour ou Ahold dans la distribution alimentaire), mais, de manière plus surprenante, également de la part du secteur de la technologie et de l’informatique, illustré par les récentes alertes de Cisco, Autonomy ou CapGemini. Sans doute faut-il y voir les premiers effets des coupes budgétaires de l’Etat – qui, on l’oublie trop souvent, représente encore 20 à 25 % du secteur IT (informatique et télécommunications, ndlr) pourtant perçu généralement comme relevant seulement du secteur privé.

Ajoutons enfin une dose de “risque souverain”, terme politiquement correct pour décrire la perte de souveraineté avérée cette semaine dans le cas de l’Irlande, avant celle à venir du Portugal, devançant sans doute d’une courte tête l’Espagne, dont on attend toujours les reformes structurelles promises en juin dernier ; une Espagne bien en retard par rapport aux efforts impressionnants déployés par l’Irlande tout au long de 2010, malheureusement perdus d’avance face à l’endettement global record du pays de près de 300 % du PNB.

Ce cocktail de retour d’inflation allié au ralentissement économique rappelle dangereusement la stagflation de la deuxième moitié des années 1970, ou plus récemment, de la première moitié 2008 dont on se souvient comment les espoirs théoriques de “decoupling” vinrent finalement se heurter à la réalité d’un monde désormais pleinement globalisé. Et gardons de plus en tête que la crise irlandaise marque bien plus le début plutôt que la fin des crises étatiques, là encore confirmées par l’annonce grecque cette semaine de révision à la hausse de leurs déficits publics…

« Gouverner, c’est prévoir » disait Emile de Girardin. « Gouverner, c’est : faut voir ! » semblent lui répondre nos dirigeants européens, désespérément réactifs face aux attaques des marchés financiers, dont, sans jouer les Nostradamus, on peut légitimement s’attendre à ce qu’elles s’accélèrent tout au long de 2011.

Alors, au moment où tous les experts semblent s’accorder sur les mérites des actions européennes, à l’heure où, à en croire le sondage de Bank of America-Merrill Lynch du mois de novembre, les gérants actions européennes n’ont jamais été autant investis depuis l’été 2007, l’heure n’appellerait-elle pas plutôt de manière contrariante à la prudence pour 2011 ?

Un peu comme les dirigeants d’Adidas ou de Saint Gobain qui, refusant de commenter les perspectives de 2011, viennent de préférer se fixer publiquement des objectifs stratégiques à l’horizon cinq ans plutôt que les trois ans standards… Un peu comme si 2013 pouvait être encore retardée de deux ans ?

 

Source : Les Echos

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Délits d’initiés à Wall Street

FBI launches insider trading probe into major US hedge funds

According to the Wall Street Journal, investigators are looking into multiple insider-trading rings that reaped millions

The FBI has begun what is expected to be a far-reaching probe into insider trading with raids on hedge funds linked to some of Wall Street’s most high-profile and wealthiest players.

The sweep – which began with armed agents raiding the Connecticut offices of Level Global Investors and Diamondback Capital Management, both multibillion dollar hedge funds set up by former managers at Steve Cohen’s SAC Capital Advisors – is already affecting stocks: a collective $15bn was wiped off the valuations of Goldman Sachs, Morgan Stanley, Citigroup, Bank of America and JP Morgan Chase.

According to reports published in the Wall Street Journal, investigators from several law enforcement and regulatory agencies are looking into multiple insider-trading rings that reaped millions in illegal profits. An FBI spokesman confirmed last night that the agency was executing « court-ordered search warrants », but declined to elaborate.

One focus is whether proprietary information is being passed from companies to hedge funds by network of independent analysts and consultants.

The investigation is being directed by Manhattan US Attorney Preet Bharara. He said last month it was his belief that « illegal insider trading is rampant » on Wall Street and « the people who are cheating the system include bad actors not only at Wall Street firms, but also at Main Street companies. » Bharara continued: « Unlawful insider trading … is an affront not only to the fairness of the market but also to the rule of law. »

Industry figures already directly affected by yesterday’s raids include SAC veteran David Ganek, a prominent New York art collector and manager of Level Global. A spokesman for the firm confirmed the raids had taken place. « We are cooperating fully with the authorities and, at the same time, we are fully operational and continue to work diligently for the benefit of our investors. »

Agents also executed a search warrant at Loch Capital Management in Boston. Loch’s director’s, Tim and Todd brothers, are acquaintances of Steven Fortuna, a hedge-fund manager who pleaded guilty in an insider trading probe centred on the Galleon Group and is now a co-operating witness.

According to reports, the investigation also includes the major industry players SAC, Citadel Asset Management, and mutual-fund firms Janus Capital Group, Wellington Management Co. and MFS Investment Management, Deutsche Bank, UBS, and Prudential Securities.

The biggest stock holding of Diamondback, one of the firms raided and run by Rich Schimel, Lawrence Sapanski and Chad Loweth, is a 5.8% stake in Virgin Media, the UK pay-television company.Jacob Frenkel, a former federal prosecutor and lawyer with the SEC, noted to the Journal that it is a measure of the government’s seriousness that it has « opted not to issue grand jury subpoenas but instead use the search warrant process. »

The raids are not entirely a surprise. Over the weekend, the Journal reported a significant bust was expected. A California research analyst John Kinnucan had warned several of the firms that he’d been approached by « two fresh faced eager beavers from the FBI » who invited him to wear a wire-tap and to help the investigation into insider trading. Investigators told Kinnucan they wanted to tape his calls with is hedge-fund giant SAC. Kinnucan wrote he « declined the young gentleman’s gracious offer to wear a wire and therefore ensnare you in their devious web. »

 

Source : The Guardian

 

 

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Dette publique: il n’y a pas de honte à faire défaut de paiement

Athènes a choisi la solution la plus douloureuse qui épargne une faillite au pays

 

Il n’y a apparemment pas d’équivalent en français pour «haircut» au sens où l’entend Angela Merkel dans le contexte de la crise irlandaise. Ce mot suggère que les investisseurs renoncent à une partie de leurs créances. Pour avoir prêté des sommes aussi faramineuses – 844 milliards d’euros, soit cinq fois le produit intérieur brut du pays – elles sont, selon la chancelière allemande, coresponsables du drame irlandais.

Ses propos ont trouvé écho en Grèce, autre pays de la zone euro également écrasé par la dette. Le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, a déclaré vendredi qu’«une implication des investisseurs privés dans un mécanisme d’aide à des pays en difficulté aurait du sens».

Assurer la participation des banques au règlement de la crise de la dette implique un défaut de paiement et une négociation de nouvelles conditions de remboursement ou de rééchelonnement. Ce serait une solution pour de nombreux pays européens. Notamment la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande, dont les emprunts dépassent les 100% du PIB alors que les critères de Maastricht fixent la limite à 60%. Pour ces pays et pour bien d’autres, faire un défaut de paiement ne serait pas un déshonneur. S’ils continuent à faire une question de fierté leur capacité à rembourser, pour sauver au passage la confiance dans l’euro, c’est l’entrée garantie dans un cercle vicieux dont il ne sera pas facile de sortir.

La Grèce a choisi de ne pas faire défaut. A chaque échéance, elle émet des obligations à des taux d’intérêt élevés qui font la joie des investisseurs en quête de rendement rapide. Résultat, le pays sera encore un peu plus enfoncé en 2011. Et ce n’est pas la sévère cure d’austérité (suppression d’emplois, montée du chômage, coupes sombres dans les dépenses publiques et gel des chantiers) imposée par le Fonds monétaire international (FMI) qui permettra à son économie de sortir de l’ornière. Ce n’est pas pour rien qu’une majorité d’économistes en Europe et aux Etats-Unis recommandent à la Grèce de faire défaut tant son niveau d’endettement est insoutenable. Selon eux, Athènes sera, tôt ou tard, amené à reconnaître cette réalité.

Athènes a choisi la solution la plus douloureuse, mais qui épargne les créanciers, principalement des banques françaises et allemandes. Celles-ci ont pourtant prêté des milliards sans vergogne et financé l’achat de matériel militaire fabriqué en France et en Allemagne.

Le cas irlandais n’est pas très différent. Ici, ce sont les banques britanniques, allemandes et françaises qui ont prêté des sommes astronomiques, faisant fi des règles élémentaires de gestion des risques. Le déficit budgétaire de l’Etat s’est déjà creusé de 12 à 32% à cause d’une aide de 50 milliards d’euros aux trois banques menacées de faillite. Puisque le problème n’est de loin pas résolu, Dublin s’apprête à emprunter encore entre 40 et 100 milliards d’euros auprès du Mécanisme européen de stabilisation et du FMI. L’opération de sauvetage sera probablement conclue ces prochains jours, avec à la clé un programme d’austérité qui sera imposé à la population.

A moins que ce soit une déclaration à but électoral, Angela Mer kel n’a pas tort lorsqu’elle demande que les banques assument leur part de responsabilité dans le drame irlandais.

Si la Grèce, l’Irlande ou d’autres pays européens venaient à faire défaut, ce ne serait pas une première. Confronté à une situation identique, l’Islande s’est montré réaliste et a obtenu un rééchelonnement en décembre 2008.

L’an dernier, le nouveau pouvoir en Equateur a institué une commission internationale pour auditer la dette du pays. Celle-ci a constaté que de nombreux prêts avaient été accordés sans respecter les règles établies. L’Etat a alors suspendu le remboursement. Après un bras de fer avec les banquiers américains, ce petit pays d’Amérique du Sud a racheté pour un milliard de dollars des titres valant 3,2 milliards.

En 2001, c’est l’Argentine qui avait refusé de rembourser les banquiers qui avaient financé des achats d’armes. Après plusieurs années de bras de fer, ces derniers avaient fini par accepter un «haircut» de 45% de leurs créances. Sans passer par le FMI.

 

Source : Le Temps

 

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A lire absolument : Guy Sorman, ils sont fous ces Américains!

New-York:

Imagine-t-on un Français refuser la Sécurité sociale? Mais comparer la France et les Etats-Unis , bis repetita, c’est ne rien comprendre ni à l’un ni à l’autre . Ce jour, une juge fédéral de Virginie a accueilli favorablement la plainte d’un citoyen de cet Etat demandant l’annulation de la loi obligeant tous les Américains à acquérir une assurance maladie ( dit Obamacare ) : une telle contrainte « serait une atteinte à la liberté individuelle telle que définie par la Constitution des Etats-Unis » et une « atteinte au droit des Etats à qui Washington ne saurait imposer une telle contrainte ».

Des plaintes comparables ont été déposées dans vingt Etats, à ce jour: certaines aboutiront ce qui , pour un moment tout du moins, interrompra la généralisation de l’assurance maladie telle que le Congrès l’avait adoptée. A terme , il reviendra à la Cour Suprême de rétablir l’Obamacare ou de l’interdire: entre temps , il est aussi envisageable qu’une future majorité Républicaine annule cette loi ce qui rendra le contentieux inutile.

Il n’empêche que le principe même de la conformité ou non de l’assurance maladie obligatoire à la Constitution continuera à faire débat . Magistrat, conservateur il est vrai, à la Cour Suprême , Samuel Alito déclarait hier à New York devant la rédaction de City Journal, que l’on pouvait « aimer ou ne pas aimer la Constitution des Etats-Unis mais qu’elle était la Constitution » et donc , incontournable. » Les Etats-Unis , ajoutait-il ne sont pas comme l’Europe , gouvernés par les hommes mais par la Loi qui gouverne les hommes ».

Mais cette Constitution , sacrée , est très succinte : elle exige donc d’être interprétée par la Cour. Alito fait partie de la majorité actuelle  ( surnommée la Cour John Roberts , du nom de son Président tout aussi conservateur ) qui s’appuie sur le texte et les intentions supposées des Péres fondateurs , de manière à bloquer tout ce qui dans les lois contemporaines, pourrait limiter les libertés personnelles et le droit des Etats. La méfiance envers le pouvoir central inspire Alito parce que telle fut  aussi la préoccupation centrale des fondateurs : ceux-ci craignaient le despotisme plus qu’ils ne se souciaient de l’effciacité de l’Etat. Résister à l’air du temps , c’est la philosophie juridique des conservateurs qui dominent en ce moment la Cour.Le gouvernement américain en paraît paralysé : de fait , il l’est souvent mais les fondateurs estimaient que cette inefficacité garantirait la nation contre les passions de ses dirigeants. Ils considéraient aussi que les meilleures décisions possibles étaient celles que les citoyens prenaient pour eux-même, individuellement. C’est ainsi que les Etats-Unis constituent une image inversée de l’Europe ; et c’est pourquoi , la machine Républicaine , dopée au thé ,accuse Obama d’ Européaniser l’Amérique.

A l’inverse , on me demande aux Etats-Unis, d’expliquer les grèves françaises, vécues par les Américains comme un vent de folie et une atteinte inacceptable aux libertés individuelles. Il me faut alors rappeler combien en France, on aime jouer la Révolution: l’Histoire se répète en farce , écrivait Karl Marx. Toute farce n’est cependant pas drôle.

 

 

Source : Le Futur c’est tout de suite, blog de Guy Sorman

 

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La Tribune : Le protectionnisme menace de faire son grand retour dans le monde

Sur fond de guerre des monnaies et de reprise molle en Europe et aux États-Unis, les velléités protectionnistes s’expriment de plus en plus ouvertement.

Chassez le protectionnisme, il revient au galop. Il y a un an et demi, le G20 s’accordait à Londres sur un plan de relance de l’économie mondiale sans précédent. Hantées par le spectre de la Grande Dépression des années 1930, les vingt premières puissances économiques de la planète décidaient d’une coordination jamais vue de leurs politiques économiques et s’engageaient résolument contre toute forme de protectionnisme. Ce refus du chacun pour soi s’est révélé un vrai succès. La grande spirale déflationniste a été évitée. L’économie mondiale a renoué avec une croissance qui devrait atteindre 4,7 % en 2010, selon le FMI. Mais cette reprise inégale – le chômage reste très élevé aux États-Unis et en Europe – suscite des impatiences et réveille les tentations protectionnistes.

Chacun pour soi

En faisant tourner la planche à billets, la Réserve fédérale fait plonger le dollar et inquiète de nombreux pays émergents qui interviennent massivement pour contrer une appréciation trop rapide de leurs monnaies. À quelques semaines du G20 de Séoul, les grandes zones économiques craignent un retour du chacun pour soi. « Les tensions sur les questions des changes s’accroissent et il y a même des signes indiquant que cela pourrait mener au protectionnisme », a déclaré vendredi Yoon Jeung-Hyun, le ministre sud-coréen des Finances. Et Jürgen Stark, membre du directoire de la Banque centrale européenne, s’inquiète lui aussi d’un retour du protectionnisme tout comme le principal conseiller économique de Barack Obama, Larry Summers. À deux semaines des élections de mi-mandat, la tension monte entre Washington et Pékin. De nombreux candidats font pression sur la Maison-Blanche pour prendre des mesures de rétorsion contre les industriels chinois. Mais les attaques ne ciblent pas seulement Pékin. Certains élus s’inquiètent que l’armée américaine puisse s’équiper avec du matériel européen.

Levée de boucliers

En Europe, le patriotisme économique est de retour aussi. La commande de trains à l’allemand Siemens par Eurostar a suscité une levée de boucliers en France tandis que les vues de l’espagnol ACS sur le géant allemand du BTP Hochtief suscitent des réactions agacées à Berlin.

La drôle de guerre des monnaies

Jürgen Stark, le numéro trois de la Banque centrale européenne, n’y est pas allé par quatre chemins vendredi : « Il faut empêcher coûte que coûte ces fluctuations des monnaies de dégénérer en course à la dévaluation qui serait fatale, car elle déboucherait sur du protectionnisme », a-t-il averti dans les colonnes du « Handelsblatt », dans un des plaidoyers les plus vibrants de la BCE sur cet enjeu. Les craintes d’une guerre des monnaies sont clairement montées d’un cran la semaine dernière, dans un contexte où la dérive du dollar commence à s’apparenter à une déroute, et les prises de position de la Réserve fédérale à une volonté déguisée de le faire refluer. On montre du doigt la Chine, qui résiste aux appels en vue d’une réévaluation du yuan, après avoir lancé au printemps 2009 la première déclaration de guerre, en partant en croisade contre l’hégémonie du dollar. Mais aujourd’hui l’on n’ose pas accuser aussi les États-Unis de dumping monétaire. Et pourtant dans cette nouvelle phase de la guerre larvée, c’est clairement de chez l’Oncle Sam qu’est partie la détonation.

Tout commence à Jackson Hole

Tout commence fin août à Jackson Hole, dans le Wyoming, où la Banque de réserve de Dallas réunit chaque année un symposium de banquiers centraux. Très attendu, le premier orateur, qui n’est autre que Ben Bernanke, lâche cette petite phrase : « La Fed se tient prête à prendre de nouvelles mesures de soutien de l’économie, dont la convalescence est loin d’être achevée, si nécessaire ». Autrement dit : la Fed fera marcher la planche à billets si la croissance reste durablement molle, pesant sur le taux d’utilisation des capacités de production et laissant s’ancrer des craintes de déflation. Deuxième acte : le communiqué de la Fed endosse cette proposition à l’issue de son conseil du 21 septembre. Troisième acte : les minutes de cette réunion publiées mardi dernier donnent un caractère d’urgence à l’adoption d’un « QE2 », un deuxième programme d’assouplissement quantitatif, via des achats de titres de dette publique, annonçant qu’elle serait décidée « sous peu », en même temps que la Fed va s’atteler à créer des anticipations d’inflation. Un QE2 que, pas plus tard que vendredi, Bernanke estime de nouveau « justifié ». Tout au long de cet épisode à rebondissements, qui ne connaîtra pas de répit jusqu’à l’issue du conseil de la Fed le 3 novembre, le dollar dévisse. Chacun sait que le recours à la planche à billets lamine la monnaie qu’elle imprime.

Du pain sur la planche

Qu’on en juge. Le billet vert est tombé vendredi à un nouveau point bas de quinze ans face au yen, juste en dessous de 80,90, et à un plancher historique face au dollar australien monté à parité. Jeudi, il avait pulvérisé un record de faiblesse vis-à-vis du franc suisse. Pourtant, malgré le handicap de la crise souveraine de la zone euro, c’est la monnaie unique qui absorbe le plus fort de ce choc. Vendredi, le dollar a touché un nouveau point bas de neuf mois face à l’euro, chutant à 1,4155, ce qui porte à 16 % sa dévalorisation depuis son plafond de l’année touché en juin. Les pays émergents ne sont pas en reste qui cherchent désespérément à freiner l’envol de leurs monnaies à coups d’interventions ou de mesures de contrôle des mouvements de capitaux, Brésil et Corée du Sud, futur hôte du G20 de novembre, en tête. Les grands argentiers ont du pain sur la planche..

L’indice Big Mac

Le yuan est bien sous-évalué. Et même de 40 % face au dollar, selon le célèbre indice Big Mac de l’hebdomadaire britannique « The Economist », qui vient de le remettre à jour à l’occasion du prochain G20. Le sérieux magazine pointe les déséquilibres entre les monnaies mondiales en détournant, avec humour, le principe de la parité de pouvoir d’achat. Cette PPA permet de comparer dans les divers pays le prix du même panier de biens et services. Si les taux de change étaient conformes à la PPA, 100 dollars convertis en monnaies locales permettraient d’acheter le même panier dans tous les pays. Dans le cas présent, le panier se réduit au seul article Big Mac, le sandwich américain que consomme toute la planète. Un Big Mac vaut en moyenne 2,18 dollars en Chine, 3,71 aux États-Unis. Il vaut aussi 4,79 dollars dans la zone euro, ce qui correspond à une surévaluation de la monnaie unique de 29 %, et 6,78 en Suisse, ce qui fait de son franc la monnaie la plus surévaluée du monde

Un ordre monétaire sans gendarme

Mais qui donc, dans ce monde multipolaire, pourrait prendre la casquette de gendarme du système monétaire international, pour éviter à la planète que la guerre des monnaies ne tourne à la guerre commerciale ? Entre 1944 et 1973, c’était clair : le FMI avait été créé pour empêcher les dévaluations compétitives et devait approuver toute dévaluation. Mais depuis l’adoption d’un système de changes flottants en 1973, ses pouvoirs se sont réduits et il ne dispose d’aucun instrument pour forcer la main à ceux qui mènent une politique de change déloyale.

Désarmés

Quant à l’OMC, même si la manipulation des changes est la première arme de politique commerciale, elle ne connaît pas la notion de protectionnisme monétaire et s’en tient à celle de protectionnisme douanier. Son directeur, Pascal Lamy, continuait donc d’affirmer, début septembre : « Le risque protectionniste a été maîtrisé… » En fait, il existe dans les statuts de l’OMC un dispositif permettant de sanctionner un pays pratiquant une politique de change XX, mais il ne pourrait être actionné qu’après un vote, à la majorité qualifiée et sur un même texte, des assemblées du FMI et de l’OMC… Inutile de dire que l’arme est inutilisable.

Les gendarmes potentiels étant désarmés, reste la capacité des États des 20 pays les plus puissants à s’entendre sur un rééquilibrage. C’est la stratégie de la France depuis toujours, et celle de Nicolas Sarkozy qui cherche à avancer par un consensus pour arriver à une plus grande stabilité des monnaies. Le problème, c’est qu’il n’existe pas, à ce jour, d’accord sur l’origine de la guerre des monnaies.

Coupable chinois ou américain ?

Les uns, autour des États-Unis, de l’Europe, et du Japon, pointent la non-convertibilité du yuan et sa parité fixe avec le dollar. Ils voudraient forcer Pékin à réévaluer sa monnaie et lui imposer de la rendre convertible. « Comme en 1971, pour se faire respecter, on n’échappera pas à la manière forte consistant à relever les droits de douane, estime Antoine Brunet, d’AB Marchés. Mais il faut le faire au niveau du G7. »

Les autres, autour de la Chine, de la Russie, du Brésil, et en partie de la France, estiment que les fluctuations de changes viennent en fait des flux de capitaux colossaux issus des États-Unis. « On ne parviendra à rééquilibrer les changes que si l’on obtient en parallèle des États-Unis de restreindre leur politique monétaire, et de la Chine d’ouvrir vraiment son marché intérieur, estime l’économiste Patrick Artus. Mais cela est totalement irréaliste. »

D’autres émergents s’inquiètent

La Chine n’est pas la seule à intervenir sur le marché des changes pour protéger sa compétitivité. C’est la seule à le faire dans des proportions aussi phénoménales : les réserves de change de la Banque populaire de Chine s’élèvent à 2.648 milliards de dollars. Mais d’autres grandes économies émergentes comme le Brésil, le Mexique, l’Argentine, la Thaïlande, la Corée du Sud interviennent aussi pour contrer une hausse trop rapide de leurs monnaies.

Les pays asiatiques et d’Amérique latine redoublent d’efforts pour contenir des entrées massives de capitaux étrangers. Le gouvernement thaïlandais a imposé une retenue à la source de 15 % sur les plus-values et les revenus des intérêts des investissements étrangers sur la dette souveraine. Objectif : empêcher une appréciation supplémentaire du bath thaïlandais qui a gagné plus de 11 % depuis janvier par rapport au dollar.

Le coup de gueule brésilien

Début octobre, le Brésil décidait de doubler à 4 % la taxe sur les achats d’obligations brésiliennes par des investisseurs étrangers afin d’endiguer l’appréciation du real. Le ministre des Finances, Guido Mantega, a comparé les interventions sur les changes à une « guerre des monnaies ». La Corée du Sud a menacé aussi d’imposer de nouvelles limites sur les dérivés de taux de change. Et l’Inde étudie des mesures destinées à maîtriser les fluctuations spéculatives.

Coupée en deux

L’économie mondiale est coupée en deux. D’un côté des pays émergents en forte croissance, de l’autre des économies développées engluées dans la croissance molle, le chômage et des niveaux d’endettement élevés. Résultat, les capitaux, en quête de rendements, affluent vers les pays émergents. Les économistes de Morgan Stanley estiment que plus de 1.100 milliards de dollars de capitaux privés prendront la route de ces pays au cours des douze prochains mois. Les pressions sur les monnaies émergentes devraient donc s’accentuer.

Le FMI s’est opposé à ces interventions monétaires. « Dans le cas du Brésil, étant donné les circonstances actuelles, ces flux ont des chances d’être plutôt permanents, donc essayer de les combattre par une accumulation de réserves est probablement autodestructeur », expliquait récemment le chef économiste du Fonds, Olivier Blanchard. Le FMI plaide depuis toujours pour l’appréciation des monnaies des pays connaissant la plus forte croissance, comme la Chine, pour rééquilibrer l’économie mondiale de manière coordonnée.

Inquiétudes

Si l’appréciation des devises émergentes se justifie à moyen ou long terme, elle suscite aujourd’hui des inquiétudes légitimes dans leur pays d’origine. La croissance mondiale marque en effet des signes d’essoufflement, la demande privée n’ayant pas encore complètement pris le relais des plans de relance dans les pays développés.

Un invité dans la campagne américaine

« Les hommes et les femmes qui défendent notre pays devraient se battre avec des avions fabriqués aux États-Unis. » Patty Murray, sénatrice de l’État de Washington, ne s’en cache pas : le contrat géant des ravitailleurs de l’US Air Force doit être attribué à Boeing, et non à son concurrent européen Airbus. « Il faut créer des emplois aux États-Unis, pas en France », peut-on encore entendre dans l’un de ses nombreux clips publicitaires consacrés à ce sujet sensible.

L’avionneur américain emploie plus de 70.000 personnes dans la région de Seattle. C’est donc un excellent thème de campagne électorale. Il suffit d’ailleurs de s’installer devant sa télévision pour se rendre compte que les tentatives protectionnistes se sont invitées dans le débat politique. Car il trouve un écho important auprès de l’opinion publique, dans un contexte de chômage de masse et d’émergence de la Chine. Après le Japon dans les années 1980, le Mexique lors de la décennie suivante : à chaque époque sa cible.

29 accusations

Ces derniers jours, la « menace » chinoise a fait un retour fracassant sur le devant de la scène. Le « New York Times » a recensé, en une seule semaine, pas moins de 29 candidats accusant directement leur adversaire d’avoir été trop laxiste envers la Chine et d’avoir ainsi contribué aux délocalisations. À commencer par Harry Reid, le chef de la majorité démocrate au Sénat, qui a qualifié son opposante de « meilleure amie des travailleurs étrangers ». Ces attaques interviennent dans un contexte de tensions extrêmes entre les deux pays sur la sous-évaluation du yuan. Au début du mois, la Chambre des représentants a adopté, à une très large majorité, un projet de loi ouvrant la voie à l’instauration de droits de douane sur les produits en provenance de Chine. Pour ne pas souffler sur les braises, le Trésor américain a décidé vendredi dernier de reporter la publication de son rapport semestriel sur les changes, qui ne sera dévoilé qu’après les élections et le sommet du G20 prévu les 11 et 12 novembre.

« Buy american »

« Le protectionnisme rend les peuples plus pauvres, les nations plus hostiles et réduit les opportunités pour les entreprises et les travailleurs », déclarait récemment Larry Summers, le principal conseiller économique de Barack Obama. Le plan de relance américain de 787 milliards de dollars, voté début 2009, instaure pourtant un « buy american » pour tous les projets d’infrastructures qu’il doit financer.

Sans oublier que les accords de libre-échange avec la Corée du Sud, la Colombie et le Panama attendent toujours d’être ratifiés par le Congrès, se heurtant aux réticences de la majorité démocrate. Des accords qui profiteraient pourtant aux grandes entreprises américaines. Mais ce n’est pas le genre de discours qui va mobiliser les électeurs.

Bisbilles aussi en Europe

Un train allemand, fabriqué par Siemens, utilisé par une firme française (Eurostar, contrôlé par la SNCF) pour relier des capitales européennes (Londres avec Paris, Bruxelles ou Francfort) : sur le papier une parfaite illustration de l’intégration européenne et son marché intérieur. Mais la controverse causée par le choix d’Eurostar d’acheter des trains Siemens plutôt que les TGV français d’Alstom est, au contraire, un cas d’école du protectionnisme croissant au sein de l’Union européenne (UE).

France, Allemagne, Espagne…

Si les ministres français Borloo et Bussereau cherchent à protéger Alstom, ils ne sont pas les seuls responsables politiques en Europe à remettre en cause indirectement la libre circulation des capitaux et des biens dans l’UE. Berlin s’active actuellement pour soustraire le premier groupe de BTP du pays, Hochtief, des griffes de l’espagnol ACS. La chancelière Angela Merkel se déclare soucieuse que « les structures industrielles d’Hochtief et son siège demeurent en Allemagne ». Au plus bas dans les sondages, elle est sous la pression du chef de l’opposition sociale-démocrate (SPD), Sigmar Gabriel, qui l’exhorte à signaler au gouvernement espagnol qu’il ne peut ainsi mettre au chômage des salariés allemands ayant versé, par leurs impôts, des fonds européens à l’Espagne… Le « sain patriotisme d’entreprise » de Gabriel rappelle « le patriotisme économique » du Premier ministre français Dominique de Villepin lors des tentatives d’OPA sur Suez par l’italien Enel ou sur Danonepar Pepsi.

Exacerbé par la crise

Ce protectionnisme entre membres de la zone euro n’est donc pas nouveau mais il s’est exacerbé avec la crise. Ne pouvant plus dévaluer sa monnaie, chaque pays de l’euro se bat désormais avec tous les moyens pour arracher des commandes à l’export dans un autre pays européen. Une économie orientée vers les exportations, comme l’Allemagne, plutôt que sur la consommation intérieure, est devenue le modèle à suivre en ces temps de déficits publics vertigineux. Du coup tous les coups semblent désormais permis pour exporter ses produits.

Retour de la TVA sociale

Dans les années 1980, Édith Cresson, éphémère Premier ministre de François Mitterrand, avait décidé que le dédouanement des magnétoscopes en provenance du Japon se ferait à… Poitiers. Cette mesure avait pour but de renchérir le coût des produits nippons et ainsi de protéger l’industrie française. L’initiative a fait long feu : mis à part Archos, qui ne produit d’ailleurs pas en France, l’électronique grand public tricolore a disparu.

Aujourd’hui, il n’est plus question de rééditer cette affaire, mais économistes et politiques s’interrogent sur les moyens à mettre en oeuvre pour que perdurent en France entreprises, usines et emplois. Des voix s’élèvent donc régulièrement depuis des années pour réclamer l’instauration d’une « TVA sociale ». La commission Attali (lire ci-dessous) rejoint ce choeur dont la personnalité la plus assidue est, sans nul doute, le sénateur centriste, Jean Arthuis.

Une mesure pour améliorer la compétitivité française

Le principe de la TVA sociale consiste à transférer tout ou partie des charges pesant sur les entreprises sur un supplément de TVA. Cette mesure, d’ailleurs appliquée en 2005 en Allemagne, améliorerait la compétitivité des produits fabriqués en France en renchérissant le prix des importations. Ce serait donc l’arme antidélocalisation par excellence et, surtout, écrivait Jean Arthuis début 2007, « on ne peut maintenir des impôts de production dans une économie mondialisée ».

Les Français sont-ils prêts à ce basculement ? Jean-François Copé, patron des députés UMP, semble convaincu, même s’il juge prudent de débaptiser la mesure. La TVA sociale devient dans sa bouche « TVA antidélocalisation ». Un virage sémantique qui traduit le traumatisme du printemps 2007 quand les réponses de Jean-Louis Borloo, interrogé par Laurent Fabius sur la TVA sociale, avaient fait perdre 50 sièges à la majorité lors des législatives.

Le plaidoyer de Jean-François Copé

C’est au « Figaro » que, début octobre, Jean-François Copé a livré son plaidoyer : « Il s’agit tout bonnement de ne plus faire peser tout le financement de notre protection sociale sur les travailleurs. Si on augmente la TVA […] et si on baisse parallèlement les cotisations sociales employeurs et salariés, on fait reculer notre coût du travail, donc on favorise l’emploi dans le pays tout en faisant contribuer les importations aux ressources de la Sécurité sociale. »

Même si le thème de la TVA sociale transcende le clivage droite gauche – Dominique Strauss- Kahn estimait en 2005 qu’il ne devait pas y avoir de tabou sur le sujet – le PS a souvent fait connaître, depuis, son opposition à son instauration. Des réticences qui ont plusieurs causes : d’abord la conviction qu’une hausse de la TVA, impôt proportionnel, rendrait moins progressif le système fiscal français ; et ensuite, les inquiétudes sur les effets inflationnistes de cette mesure et son impact sur la demande.

Jacques Attali pour le relèvement de la TVA

Dans un entretien publié ce lundi dans « La Tribune », Jacques Attali le président de la Commission de la libération pour la croissance française revient sur les propositions faites dans le rapport qu’il a remis vendredi à Nicolas Sarkozy.

La Tribune – Quelles sont les priorités du second rapport de la commission de la libération pour la croissance française ?

Jacques Attali – Il y a deux urgences : l’emploi et le désendettement. Pour augmenter l’un et réduire l’autre, nous faisons 25 propositions pour redonner confiance aux jeunes en leur avenir.

– Votre plan d’action a un horizon temporel de dix ans. L’urgence ne semble pas si « urgente » ?

– Si, bien entendu. Dès aujourd’hui, il faut un traitement de choc sur la dépense publique de fonctionnement et de transfert. Limité a trois ans, cette dimension de notre projet passe notamment par la poursuite de la politique de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux et par le gel du point d’indice. Nous voulons dans le même temps favoriser une politique d’investissement public et privé en Europe, stimuler l’emploi et la concurrence. Bref l’originalité de ce rapport est de proposer une stratégie intégrée de désendettement et de croissance.

– Certains commentateurs estiment que vos propositions ne sont qu’un plan d’austérité drastique. Que leur répondez-vous ?

– Que l’assainissement des finances publiques de la France n’est qu’une des dimensions des énormes réformes de structures dont notre pays a besoin pour retrouver le chemin de la croissance.

– Pour résoudre le chômage, quelle est votre principale proposition ?

– Nous proposons de créer un cadre efficace, cohérent et valorisant pour la recherche d’emploi à travers la mise en place d’un contrat d’évolution. Cette réforme est majeure. Parce que la phase de recherche d’emploi est utile à la fois au chômeur et à la collectivité, elle mérite donc d’être rémunérée et d’être organisé, sous forme d’un contrat d’activité à durée indéterminée, rémunérant l’activité de recherche d’emploi et de formation. Ce type de contrat a permis de faire reculer le chômage dans les pays Scandinaves. Nous pouvons tirer parti de cette expérience réussie.

– Le projet de loi de finances 2011 du gouvernement est-il en phase avec vos recommandations ?

– L’objectif de réduction du déficit public – prés de 2 points de PIB – représente un effort de redressement sans précédent. Si le compte y est a peu près pour l’état, des mesures supplémentaires sont nécessaires pour les budgets locaux et sociaux. Il faut s’en donner les moyens dans un contexte de croissance faible.

– Dans le domaine de la fiscalité, votre rapport propose notamment de relever le taux de TVA pour abaisser le coût du travail. Cette mesure peut-elle être considérée comme du protectionnisme ?

– L’Allemagne ne s’est pas gêné pour le faire il me semble. Il faut ensuite rappeler que le taux de TVA appliqué en France se situe en dessous de la moyenne européenne. La France dispose d’une marge de manoeuvre que certains pays n’ont plus. Comme l’Allemagne. Cette mesure s’apparente en effet à une dévaluation compétitive et il faut savoir ce que l’on veut : continuer à céder du terrain face à nos concurrents ou au contraire redynamiser les exportations tricolores et donc l’emploi tout en assurant un financement plus sain de notre protection sociale. .

– Comment s’assurer que les entreprises répercuteront bien la baisse du coût du travail sur les prix de leurs produits ? En clair, qu’elles ne garderont pas pour elles le différentiel de marge ?

– La tentation serait grande effectivement. Sauf que les entreprises françaises évoluent dans un environnement extrêmement concurrentiel en Europe et dans le reste du monde. Si elles ne baissent pas leurs prix, elles continueront à voir leurs parts de marché reculer. Elles n’ont pas beaucoup le choix. La loi du marché rappellerait à l’ordre les entreprises un peu trop gourmandes. C’est la raison pour laquelle je ne crois pas que ce relèvement du taux de TVA pèse sur la consommation des ménages. En appliquant cette mesure, la France demanderait en somme à ses partenaires européens de financer une partie de la protection sociale de ses citoyens. N’est ce pas contradictoire avec le fait que le rapport de la commission souhaite

– Le renforcement de la politique économique européenne ?

– Je le répète, l’Allemagne n’a pas eu beaucoup de scrupules à relever son taux de TVA. Que préféreriez-vous ? Que ce soient les générations futures qui se trouvent chargés du fardeau de notre dette ? Étant donné le climat social actuel, la réponse à cette question me semble assez évidente. Mais nos propositions dans le domaine de la fiscalité ne se limitent pas à cette mesure. Nous proposons une fiscalité de croissance pour réduire la taxation du travail et d’augmenter celles sur la pollution et toutes les formes de patrimoines. Pour financer les trois réformes majeures: l’école primaire, le contrat d’évolution et les grandes infrastructures écologiques.

Isabelle Croizard, Anne Eveno, Xavier Harel, Fabien Piliu, Valérie Segond, Frank Paul Weber et Jérôme Marin, envoyé spécial permanent de La Tribune à New York –

 

Source : La Tribune

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Encore un site d’économie ?

Les économistes sont restés dans leur tour d’ivoire depuis trop longtemps, au point qu’aujourd’hui ils sont accusés de tous les maux et ne trouvent plus de place pour s’expliquer. Trop abstraite, trop complexe, incapable d’expliquer les phénomènes actuels, voilà la conception qu’a l’individu lambda de l’économie. Ce blog a pour but de réconcilier cette discipline simple, vivante et intuitive avec ceux qui s’interrogent sur les problèmes que posent nos économies globalisées. Ici, pas de mathématiques, pas de grands discours ni de suites incompréhensibles de statistiques. Nous ramenons l’économie dans la réalité qu’elle n’aurait jamais du quitter…